Tanzanie : arrestations massives d’opposants politiques à Chadema


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Drapeau de la Tanzanie
Drapeau de la Tanzanie

En Tanzanie, la police arrête de nombreux leaders et militants du parti d’opposition Chadema.

Le climat politique en Tanzanie s’intensifie à mesure que les élections approchent. Le 23 septembre 2024, la police tanzanienne a procédé à l’arrestation de plusieurs leaders du principal parti d’opposition, Chadema, ainsi que de militants qui prévoyaient une manifestation malgré son interdiction. Ce mouvement visait à dénoncer les disparitions inquiétantes de certains membres du parti, mais l’intervention des forces de l’ordre a semé la confusion et la colère parmi les sympathisants.

Un contexte tendu à un an des présidentielles

La tension ne cesse de monter en Tanzanie, à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour 2025. L’arrestation du président de Chadema, Freeman Mbowe, et de son vice-président Tundu Lissu, reflète la pression croissante exercée sur l’opposition. Les autorités, invoquant des risques de débordements, avaient interdit la manifestation organisée par le parti pour réclamer justice face à la disparition de plusieurs de ses cadres.

Cependant, Chadema n’a pas fléchi face à cette interdiction. Des partisans du parti ont décidé de descendre dans les rues de Dar es Salam, défiant la sécurité renforcée et les policiers lourdement armés qui avaient pris position dans la capitale économique.

Des arrestations en cascade

La manifestation interdite a rapidement pris un tournant dramatique avec l’arrestation de plus d’une cinquantaine de personnes, dont des jeunes sympathisants de Chadema et des journalistes présents sur place. La police tanzanienne a justifié ces arrestations par la nécessité d’éviter les violences potentielles. Toutefois, pour l’opposition, ces actions visent à faire taire toute contestation dans un climat de plus en plus autoritaire.

Tundu Lissu a été interpellé à son domicile par les forces anti-émeutes, tandis que Freeman Mbowe a été arrêté alors qu’il s’adressait à la presse. Ces figures majeures de l’opposition sont à nouveau sous le feu des projecteurs, accusant les autorités de chercher à étouffer les voix dissidentes.

Le meurtre d’Ali Mohamed Kibao : une répression politique ?

L’appel à manifester du parti Chadema s’inscrivait dans une série de protestations après l’assassinat d’Ali Mohamed Kibao, un cadre important du parti. Enlevé et retrouvé mort après avoir subi des violences graves, ce meurtre a été condamné par les autorités, mais Chadema reste convaincu qu’il s’agit d’un crime à motivation politique. Cet événement, combiné aux disparitions de cinq autres membres du parti, a renforcé la méfiance envers les forces de sécurité.

Malgré la répression croissante, les membres de Chadema continuent d’exiger une enquête indépendante pour faire la lumière sur ces tragédies. L’ambassade des États-Unis en Tanzanie, ainsi que plusieurs ONG internationales, ont également appelé à une investigation impartiale.

Un retour à l’autoritarisme ?

Après avoir donné des signes d’ouverture lors de son arrivée au pouvoir en 2021, la présidente Samia Suluhu Hassan semble revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur, John Magufuli. Bien que l’opposition avait retrouvé une certaine liberté avec la levée des restrictions sur les rassemblements politiques en 2023, les récents événements illustrent un recul inquiétant pour la démocratie tanzanienne.

Les critiques dénoncent une dérive vers l’autoritarisme, alors que les arrestations de membres de Chadema se multiplient. En août dernier, plus de 500 sympathisants du parti, dont ses dirigeants, avaient été arrêtés lors d’une précédente manifestation interdite.

La démocratie en danger

Avec les élections locales prévues pour novembre 2024 et l’élection présidentielle qui approche, la répression de l’opposition risque d’assombrir le processus démocratique en Tanzanie. Les opposants craignent que les arrestations, les disparitions et les violences deviennent des outils de contrôle du pouvoir pour museler toute contestation. En réponse, Chadema tente de maintenir la pression tout en dénonçant une escalade de la répression politique.

La situation en Tanzanie suscite des inquiétudes à l’échelle internationale, alors que les libertés civiles semblent de plus en plus compromises. Le pays, autrefois salué pour son modèle de stabilité relative en Afrique de l’Est, traverse une période de turbulences qui pourrait bien redéfinir son avenir politique.

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