Tant qu’il y aura une femme


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Marie Brahimi, un nom à retenir. Elle incarne Yasmine dans le dernier film de Merzak Allouache,  » l’Autre monde « . Une femme à la recherche de son amour dans un pays tourmenté. Une actrice à la découverte des autres et d’elle-même. Portrait.

 » Je ne peux pas me voir, ni m’entendre « . Pourtant, elle débordait de l’écran. Marie Brahimi incarne Yasmine dans le dernier film de Mezak Allouache,  » L’Autre monde « . Qu’elle déambule dans les rues de Paris à la recherche d’un hidjab où à Alger pour retrouver son amour, Marie dégage une volonté farouche.  » C’est le sosie d’Amélie Poulain, la candeur et la tête dans les nuages en moins « , s’exclame une actrice française lors de la projection de la première à Paris.  » Je ne suis pas une poupée rose, ni la sosie de personne ! « , tranche Marie Brahimi. N’empêche, il y a une troublante ressemblance.

Timimoun, euphorisant. Avant le tournage de ce film, la jeune actrice française n’a jamais mis les pieds dans le pays paternel.  » Le désert est euphorisant. J’ai envie de repartir à Timimoun. Je ne suis pas mondaine même si je suis un peu moins autiste qu’avant « . Contact presse, débat, relance des médias, Marie se dépense furieusement pour  » l’Autre monde « . Un film étrangement passé sous silence par la presse et boudé par les salles du cinéma.  » Qu’on lui donne sa chance comme tous les autre films ! Si, au bout d’une semaine, il ne trouve pas son public, qu’il soit retiré de l’affiche « , s’enflamme l’actrice. Sa main droite n’arrête pas de se poser sur ses lèvres, comme pour endiguer le flot de paroles. En vain. Marie porte le film.

Pingouin échoué sur le sable

 » Je ne m’aime pas « . Etrange révélation de celle qui a refusé les rôles  » physiques « .  » Marie est simple et fonceuse à la fois. Elle aurait pu être une Lolita avec son physique et sa voix, mais elle a toujours refusé de se cantonner dans ce rôle.  » Elle ne voulait pas mettre en avant son physique « , confie sa meilleure amie, la comédienne Laïda, aux cours Jean-Louis Barbaz à Asnières.  » Quand elle est là, il pleut de la lumière « , poétise un journaliste parisien, subjugué par Yasmine-Marie.

Sous la tente, l’horreur. Scène qui rentrera dans l’histoire du cinéma. Yasmine, kidnappée par les islamistes, attend l’arrivée de l’émir. Nue, elle est priée de se laver pour sa nuit avec l’émir. Elle est en pleurs, dans l’autre monde. Scène vertigineuse d’effroi.  » J’ai répété cette scène pendant deux mois dans mon bain. Je faisais remonter les choses malheureuses que j’ai vécues par le passé « . Résultat affreusement juste.

Lolita, c’est pas moi !

Rencontre abracadabrantesque.  » J’étais sûre que Merzak Allouache n’allait jamais me rappeler. Le jour du casting, on m’avait dit que le réalisateur ne sera pas là. Donc, après mon  » examen « , j’ai dit au revoir au premier assistant en lui disant que je regrettais que Merzak ne soit pas là . Il me répond que cela peut s’arranger car …j’étais en train de parler à Merzak Allouache ! J’avais honte « . La réponse positive arrive très vite.  » Je venais juste de signer pour jouer au théâtre avec Isabelle Adjani dans La Dame aux camélias. J’ai tout laissé tomber pour le film « . Merzak a décidé de faire confiance aux acteurs débutants. Il ne le regrettera pas.

Alger, la découverte. Les nouvelles d’Algérie qui arrivaient à Paris étaient rouges. Massacres, assassinats, émeutes. Marie s’envole vers Alger.  » J’ai menti à mes parents pendant cinq mois. Je leur disais que j’étais à Marrakech pour qu’ils n’angoissent pas pour rien. Ma grand-mère voulait venir me voir. Quand je leur ai dit la vérité, mon père est resté alité deux jours « .  » Il faut beaucoup de courage pour se rendre en Algérie. Marie, qui n’y a jamais mis les pieds, s’est investie au-delà du film pour ce pays « , confie Laïda.

Le public algérien fait une standing ovation à la fin du film. Les scènes  » érotiques  » n’ont pas choqué le public. Partie à Alger pour la promotion de  » l’Autre monde « , Marie quitte la salle.  » J’étais émue par l’accueil. Je me trouvais nulle. C’était comme une gifle pour moi « . Les critiques et la réaction du public démontrent le contraire. Marie doute, Marie fonce. Elle vient même d’écrire une lettre à Zidane pour qu’il soutienne son film. Si vous rencontrez une fille à Paris en train de coller l’affiche de  » l’Autre monde « , soyez sympa avec elle. Et n’enlevez pas les affiches. Elle se bat pour le cinéma. Et contre la censure. Pour un Autre monde. Marie Jusqu’au bout.

Critique du film :

Interview de Merzak Allouache :

Site de Marie Brahimi :

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