Takfarinas relooke la musique kabyle


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Yal, de Takfarinas
Yal, de Takfarinas

Il est arrivé comme un météore dans la sphère musicale algérienne dans les années 80. Takfarinas est devenu depuis une star incontournable. Ses premiers disques en solo ont créé un électrochoc dans le milieu musical, très conservateur. En sortant Yal en 1999, il offre un album éclectique, joyeux et nostalgique. À écouter abusivement.

Yal. Alors que le raï venait de sortir d’Oran pour déferler sur toute l’Algérie, profitant de l’ouverture du pays, un jeune chanteur bouscule toutes les oreilles algériennes. Takfarinas, Tak pour les intimes et les autres, chamboule le milieu musical en apportant des sons nouveaux. Il crée un nouveau genre musical qu’il nommera, quelques années plus tard, Yal.

Aucun artiste algérien ne tentera de l’imiter. Avec Khaled, cheb à l’époque, il occupe les premières loges. La concurrence Khaled-Takfarinas commence. L’enfant de Tixeraïne, village kabyle dans la banlieue d’Alger, défie islamistes et pouvoir. Mélangeant textes festifs et engagés, Takfarinas brasse large. Au grand bonheur des non berbérophones.

Zaama Zaama

Yal est un savant dosage de politique et d’évasion. Dans Douga, titre phare, Takfarinas adresse un avertissement prophétique aux autorités de son pays. Les chômeurs se comptent par millions/ Le monde se trouve au bord de l’explosion ! / De plus le spectre du sida nous achève/ C’est une abjection ! Sa mise en garde se concrétisera avec les évènements de Kabylie. Que ceux qui nous ont mis dans cette galère sachent ! / Qu’impuissants, les voilà acculés, dépassés/ Ne disposant que du nucléaire comme ultime recours.

Sur le plan musical, l’artiste a fait son marché dans toutes les régions d’Algérie. Malaxés, déconstruits et recousus, les morceaux sortent de sa guitare à deux manches transformés, « yalisés ». Le résultat se laisse écouter avec grand plaisir. Difficile de se retenir de danser avec Zaama Zaama. Et de s’attrister avec Lounès, hommage à Lounès Matoub, assassiné dans des conditions obscures. Yal est aussi un album citoyen.

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