Tabaski, le mouton roi de la fête


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Un troupeau de moutons
Un troupeau de moutons

Les préparatifs de l’Aid al Adhi ou Tabaski remplissent depuis quelques jours les rubriques « sociétés » des quotidiens des pays africains concernés par l’évènement. C’est souvent le prix du mouton qui se retrouve au centre des débats. L’animal, actuellement objet de toutes les attentions, semble être devenu un produit de luxe. Petit tour d’horizon dans les contrées du Maghreb, du Mali, du Sénégal, de Côte d’Ivoire et du Niger, transformées pour l’occasion en de grandes foires à ovins.

« Le prix du mouton a chuté », titre ce mercredi le Quotidien d’Oran, en Algérie. Explication avancée : les « maquignons » (éleveurs) du Sud du pays sont arrivés en force lundi dernier, ce qui a provoqué une baisse très sensible des tarifs. Il y a environ deux semaines, un mouton se négociait autour de 26 000 dinars (286 euros). « Des prix décourageants en vérité pour la plupart des citoyens », concluait le quotidien, craignant que les Oranais n’arrivent pas à accomplir le sacrifice. Puis l’espoir est revenu avec l’arrivée des troupeaux du Sud. Le mouton se vend désormais environ 20 000 dinars (220 euros). Certains ont même pu avoir un animal pour 13 000 dinars (143 euros). « Comme quoi il ne faut jamais désespérer », se réjouit le journal.

Au Maroc, c’est l’inverse. Depuis lundi, Le Matin craint à Tanger une « flambée des prix » due à « la faiblesse des achats et à la forte demande prévue pour les derniers jours précédent la fête ». Selon le quotidien, plusieurs vendeurs expliquent ce retard par le fait que leurs clients attendent leur paye. La majorité des patrons auraient décidé de retarder les avances sur salaire pour éviter les désertions de poste. Face à cette situation, les spéculateurs ne baissent pas pour autant les prix. Du coup, beaucoup de clients se rabattent sur les caprins (chèvres) dont la viande est réputée pour « sa faible teneur en graisses », rappelle Le Matin.

Concernant Casablanca, ce même journal marocain se plaint de « l’état délabré dans lequel se trouvent les rues à la veille de cette fête sacrée » et dénonce une pratique qui aggrave la situation : l’utilisation des garages comme enclos à bétail que les particuliers louent aux vendeurs 10 dirhams (1 euro) la journée.

À Bamako (Mali, « qui se réveille presque aux bêlements des moutons », les clients boudent les foires et espèrent un effondrement des prix la veille de la fête. Par ailleurs, « l’entretien des bêtes dissuade nombre de Bamakois d’acheter prématurément », expliquait dimanche L’Essor.

La conjoncture économique au Mali n’est pas favorable aux achats. D’après le journal, « les salaires n’ont pas encore été payés » et « différents évènements se sont succédés en fin d’année : rentrée scolaire, mois de carême suivi de la fête de Ramadan, fêtes de fin d’année », qui ont alourdi les budgets. Vu le coût relativement élevé du mouton par rapport aux salaires moyens des populations, et la place centrale qu’il occupe dans le rituel de la Tabaski, certains sont prêts à tout pour ramener une bête à leur famille. Le quotidien malien a remarqué mercredi que « la fièvre du PMU a gagné beaucoup de Bamakois qui espèrent décrocher le prix d’un mouton grâce aux chevaux (…), comme en témoignent les longues files qui s’étirent les veilles de course devant les kiosques ». Ainsi un enseignant qui avait l’année dernière gagné 100 000 fcfa (150 euros), « ce qui lui avait permis de bien préparer la fête », retente sa chance cette année.

Afin de rendre le prix des animaux plus abordable, les autorités au Sénégal, ont levé la taxe sur le bétail pendant la période d’achat. Le bon approvisionnement des marchés du pays devrait également participer à la stabilisation des prix. « L’importance de l’offre actuelle de moutons commence à influer positivement sur les prix où une baisse d’environ 10 % est observée », écrivait lundi Le Soleil. Des dispositions pratiques ont été prises pour assurer l’alimentation des animaux avec des camions citernes mobilisés au niveau des points de vente. Des patrouilles ont été organisées par les commissariats pour sécuriser les points de vente.

En revanche à Thiès, les prix ont fortement augmentés, rapporte le quotidien sénégalais mardi. Il faut désormais « casquer 50 000 à 80 000 fcfa (75 à 120 euros) pour avoir son mouton ». Dans cette ville, les endroits pour accueillir les bestiaux sont quasi inexistants. Le comportement des clients peut avoir une conséquence sur les tarifs. Le journal raconte qu’une femme a acheté deux gros béliers à 180 000 fcfa « sans même discuter ». Ce qui a provoqué la colère des clients voisins : « vraiment, ce sont ces gens qui font grimper les prix, ce n’est pas du tout sérieux. Ils ne pensent même pas aux nécessiteux ».

En Côte d’Ivoire aussi, « les moutons ont inondé le marché », mais « les clients arrivent au compte-gouttes » en raison des « difficultés économiques », peut-on lire ce mercredi dans Le Front.

Les prix restent élevés. Les moutons « proposés à 150 000 fcfa (230 euros) sont livrés à 100 000 ceux à 200 000 fcfa (300 euros) à 150 000 et ceux de 100 000 fcfa à 80 000. C’est le prix plancher ». D’après le journal, les clients supplient les vendeurs : « Nous sommes tous des musulmans. Faites nous des prix abordables qui nous permettent de faire le sacrifice ». Malgré tout, le pays s’apprête à fêter la Tabaski « sous le signe du pardon et de la paix », écrit le quotidien ivoirien, qui rappelle aussi dans ses colonnes les origines de la fête du mouton.

Dans la ville de Tunis « des cellules ont été installées dans les principaux marchés pour lutter contre toute forme de spéculation », relate le quotidien La presse. En Tunisie, « les consommateurs à revenus limités préfèrent acheter des agneaux vu leur prix accessible, se situant entre 130 et 150 dinars (80 et 95 euros) ».

Quand au Niger, Le Sahel consacre un dossier sur la Tabaski pour jeudi, premier jour de la fête. Et en Mauritanie, l’Aïd ne sera célébrée que le vendredi 21, suite à la décision prise par la Commission nationale mauritanienne chargée de l’observation du croissant lunaire, a appris mardi la Panapress.

Par Valentine Lescot

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