Safiya ne doit pas être lapidée. Le gouvernement fédéral du Nigeria est sorti de son silence pour condamner le jugement du tribunal islamique qui a condamné Safiya, jeune fille enceinte, à la lapidation pour actes sexuels hors mariage. C’est grâce à l’indignation internationale que cet acte d’un autre temps a été bloqué par Lagos. L’opinion internationale, relayée par Afrik, s’est solidarisée avec Safiya. Plus de mille cinq cents signatures sont parvenues à notre rédaction. Et elles continuent d’affluer.
Il faut relever le mérite du président nigérian, Olusegun Obasanjo, pour son combat prônant le dialogue entre les religions et la tolérance. Avec son vice-président, Atiku Abubakar, il ne cesse de combattre les conflits inter-religieux qui secouent épisodiquement le Nigeria. L’instauration de la charia (loi islamique) dans 19 états du Nord à majorité musulmane depuis janvier 2000 a dressé les communautés les unes contre les autres, provoquant des violences répétées et sanglantes. Plus de mille morts. Le cas de Safiya servira peut-être de déclencheur pour arrêter la machine infernale des châtiments d’un autre âge. Ce n’est pas pour rien que le président, chrétien, et son vice-président, musulman, s’affichent ensemble pour combattre les fanatismes.
Zèle dans l’excès. La grande inconnue est la capacité de Lagos à freiner le zèle des fondamentalistes. Système fédéral, le Nigeria offre à ses Etats une autonomie importante. Les islamistes profitent de ce système pour imposer la charia que Lagos ne peut interdire à moins qu’il ne trouve une pirouette juridique. Et les bons juristes ne manquent pas à Lagos.
En attendant que l’Etat fédéral remette les Etats du Nord sur le chemin de la raison, Safiya a décidé se s’enfuir et de se cacher. Tant mieux ! Il appartient aux autorités nigérianes de convaincre Safiya de retourner chez elle en instaurant une loi juste. Pour tous les Nigérians.