Sursis pour les homosexuels égyptiens


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Un couple homosexuel
Couple homosexuel

Le président égyptien Hosni Moubarak a annulé le verdict concernant 50 jeunes Egyptiens poursuivis pour homosexualité prononcé le 14 novembre dernier par la Haute Cour de sûreté de l’Etat. L’affaire est renvoyée au parquet. Petite victoire pour les avocats de la défense.

Décision consensuelle. Devant le tollé international soulevé par le procès intenté aux 50 homosexuels égyptiens et par le verdict sévère infligé par la Haute Cour de sûreté de l’Etat, le président Hosni Moubarak a décidé de renvoyer l’affaire au parquet. Et a annulé le verdict. Une façon habile de se débarrasser de la patate chaude. Le président égyptien en avait assez des leçons de tolérance de tous ses homologues occidentaux.

L’affaire remonte au mois de mai de l’année dernière. La police a fait une descente dans un bateau-restaurant-discothèque, le Queen’s boat, amarré au bord du Nil à Zamalek. Selon les différents témoignages recueillis par les militants des droits de l’Homme, les forces de police avaient arrêté tous les hommes et ont pris soin de laisser en liberté les couples et les étrangers.

Les homosexuels du Queen

Un procès retentissant qui a tenu les Egyptiens en haleine. Dans un premier temps, la justice égyptienne avait du mal à trouver des chefs d’accusation pour juger les prévenus qui sont pour la plupart des personnes exerçant des professions libérales. Car, selon les lois égyptiennes, l’homosexualité n’est pas un délit. Avant de se rabattre sur des accusations très graves : mépris de la religion, constitution d’un groupe illégal, diffusion sur Internet de photos pornographiques, invention d’un mode de prière différent de la prière musulmane traditionnelle et perception d’un financement d’Israël.

La décision de Hosni Moubarak de renvoyer l’affaire au parquet remet en cause toute la stratégie du procureur. Une fois levée l’accusation d’espionnage au profit du voisin hébreu, le dossier se dégonfle. Car les tribunaux civils ne sont pas aptes à juger au seul motif d’homosexualité.

Les informaticiens restent en prison

Le verdict annulé concerne 50 jeunes, dont 21 avaient été condamnés à des peines allant d’une à deux années de prison ferme, alors que 29 avaient été acquittés. Le président égyptien a cependant ratifié la condamnation à 3 et 5 ans de prison de deux autres accusés dans ce procès, qui avaient été reconnus coupables de « mépris de la religion ».

Chérif Farahat, ingénieur informaticien, et Mahmoud Ahmed Allam, représentant de commerce, accusés « d’exploiter la religion musulmane pour propager des idées extrémistes, d’introduire des modifications aux versets du Coran afin de mépriser les religions monothéistes et le prophète Mahomet, d’inventer un mode de prière différent de la prière musulmane », ont vu leurs peines maintenues.

Les autorités égyptiennes semblent s’acharner sur Chérif Farahat qu’elles accusent d’être à la tête d’une secte et de diffuser des photos pornographiques sur Internet. L’avocat de l’accusé ne nie pas les penchants sexuels de son client mais réfute toutes les autres accusations.

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