« Sugar in the blood » ou comment les propriétaires multipliaient leurs esclaves par le viol


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sugar in the blood

Dans son livre, Sugar in the Blood, Andrea Stuart tisse l’histoire de sa famille autour de celle de l’esclavage et du sucre à la Barbade. L’arrière, arrière arrière arrière arrière arrière arrière arrière grand père de Stuart est arrivé sur l’île dans les années 1630. Il avait été forgeron en Angleterre, mais est devenu planteur de canne à sucre à la Barbade, à une époque où la demande pour cette culture explosait à travers le monde. Stuart est descendante d’un propriétaire d’esclave, qui, plusieurs générations après l’arrivée de la famille à la Barbade, a eu une relation avec une esclave inconnue.

Stuart était bien avancée dans sa recherche et l’écriture de son livre avant de totalement accepter la réalité de l’histoire de sa famille. Ce n’est, dit-elle à Terry Gross de Fresh Air’s, “pas avant peut-être quatre ans de recherche que j’ai réalisé que c’était ça la vraie …histoire de ma famille que … un côté de ma famille avait possédé l’autre , et  que c’était aussi triste et simple que ça. … C’est là même la quintessence de l’odieux de l’esclavage, n’est-ce-pas? Que le membre d’une famille pouvait être le propriétaire de son propre enfant  … ou alors posséder une série d’enfants et vivre avec ça, et  … les garder dans un esclavage ininterrompu et vivre confortablement avec cela. Cela m’a fait comprendre l’esclavage ou le percevoir d’une manière très très personnelle et intense .”

Stuart affirme que c’était  “totalement ordinaire dans les Caraïbes” que des propriétaires de plantation aient plusieurs groupes des familles différents, ce qui veut dire qu’un propriétaire de plantation pouvait avoir sa famille blanche légitime et être avoir des enfants avec des femmes en situation d’esclavage.

La pensée sous-tendant cette pratique était que, en quelque sorte, le planteur élevait, reproduisait ses propres esclaves pour travailler dans la plantation après que les Britanniques aient interdit le commerce transatlantique des esclaves en 1807. D’un point de vue plus psychologique cependant, Stuart affirme que la pratique permettait également “en quelque sorte d’affirmer son … pouvoir total sur tous dans le monde de la plantation que l’on présidait.”

Quelques extraits de l’interview donnée par Stuart en 2013 à la NPR

Sur le fait que les planteurs faisaient baptiser l’esclave avec laquelle ils avaient eu une relation sexuelle

“C’est quelque chose que les planteurs faisaient souvent quand ils allaient avoir une relation légèrement plus longue avec une nouvelle, femme esclave en particulier . Alors qu’ils avaient en quelque sorte exceptionnellement … des relations avec une esclave qu’ils avaient … simplement disons choisies au hasard dans la plantation, habituellement si … la relation allait durer, il était assez commun pour eux de faire … baptiser la femme esclave, ce qui est en fait ironique, évidemment, ils avaient le sentiment qu’il s’agissait là … d’un geste plutôt vertueux, ce qui est extraordinaire quand, en fait, essentiellement, ils étaient en train de violer des filles en bas-âge.”

Sur la manière dont, après que certains de ces ancêtres aient travaillé comme esclaves dans une plantation, ses grands-parents ont acheté une plantation de cane à sucre à la Barbade

“Cela me semble toujours une extraordinaire ironie le fait que … mon grand-père ait décidé — ou plutôt que son père ait décidé — que c’était une bonne idée de revenir dans le sucre, après cette histoire — l’histoire torride — que nos deux familles avaient connu avec cette culture particulière, mais je pense, vous savez, mais à ce moment au cours du [20ème ] siècle … il doit s’être dit que le sucre était toujours ce qui valait la peine, que cela demeurait la culture historique de l’ile. Être planteur signifiait qu’on était au sommet absolu de l’arbre social et donc, en quelque sorte, on peut voir que pour ceux qui réussissaient dans les affaires — même ceux qui étaient descendants d’esclaves — que de devenir un planteur pour eux devait être considéré comme une véritable réussite, et je pense que mon arrière-grand-père a décidé d’acheter et de recommencer à exploiter une plantation.”

Elle évoque comment, après avoir déménagé en Angleterre en provenance de la Barbade en 1976 avec sa famille, la couleur de sa peau signifia quelque chose de différent

“Tandis que dans les Caraïbes ma peau légèrement claire m’a caractérisé comme étant peut-être potentiellement un peu plus privilégiée, en Grande-Bretagne, il n y avait rien de cette subtilité ou de ces idées …au sujet de la race. C’était beaucoup plus : j’étais une noire, et c’était tout, on était grandement réduit à une série de stéréotypes — des stéréotypes plutôt insipides — sur ce que c’était que d’être une personne noire.”

Sur la perspective actuelle que la plantation familiale à la Barbade soit vendue

 »Je me souviens avoir passé tellement de temps dans ma jeunesse dans la plantation de ma grand-mère et de mon grand-père et d’avoir entendu…le son de la canne à sucre et courir autour de … ce petit monde magique de magnifiques jardins qui entourent la maison de la plantation. C’était pour moi toute une aventure très idyllique, et ainsi l’idée que ce soit fini est à la fois douloureux, car cela représente pour moi beaucoup de mon enfance dans les Caraïbes, mon passé, ma famille, et puis une autre partie de moi pense qu’il est temps pour moi … – de même que pour l’île -. de fermer la porte sur l’histoire des plantations et de marcher vers l’avenir »

À propos de la façon dont sa recherche et le fait de connaitre le passé de sa famille a changé son point de vue sur le sucre

« Ce n’est que quand je lisais quelques travaux des abolitionnistes, et … une de leurs grandes … campagnes était que c’était un ‘ sucre-taché de sang’,… qu’il portait le sang des esclaves, et je me souviens effectivement à ce moment, en mettant un peu de sucre en train de me dire : ‘Ah, c’est ça! » et … je pensais de nouveau à la façon dont les produits de base – dans mon cas, le sucre, en Amérique les parallèles seraient, comme je dis, le coton ou le tabac – comment ces produits … ont des impacts si réels, viscéraux sur la façon dont nos vies se déroulent et comment c’est extraordinaire.  »

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