La France poursuit sa politique des petits pas. Sans s’engager dans la reconnaissance du Sahara occidental par le Maroc, le Quai d’Orsay a donné son feu vert au financement de projets. Une vision pragmatique mais assez hypocrite. Pas de reconnaissance politique mais une reconnaissance économique. Cette décision suscite de vives réactions de la part des parties prenantes au conflit.
La France continue de louvoyer sur la question du Sahara occidental, un territoire contesté depuis des décennies. Officiellement, rien n’a changé, et le Quai d’Orsay de le rappeler, lors de son point presse, il y a deux jours : « la position reste la même et le ministre l’a redit à son homologue marocain. On a réaffirmé le soutien clair de la France et constant au plan d’autonomie de de 2007. Le ministre a indiqué qu’il était temps d’avancer« . Et commencer par le financement de projet marocain au Sahara.
Un projet avec peu de visée économique mais avec des conséquences politiques
Le projet français, d’un montant de 10 millions d’euros, vise à financer des projets dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’eau potable. Mais son objectif n’est ni d’apporter une aide à la population locale, ni d’assurer des débouchées pour les entreprises françaises, mais bien de passer un message de soutien au gouvernement marocain. Une avancée dans la droite ligne des dernières prises de position de Stéphane Séjourné, le nouveau ministre français des Affaires étrangères.
Le Maroc a bien évidemment salué la décision française, la qualifiant de « geste positif » pour le développement de la région. Le Front Polisario, quant à lui, a condamné le projet, l’accusant logiquement de « légitimer l’occupation marocaine » du Sahara occidental.
Un impact incertain sur un sujet sensible
La position du Quai d’Orsay est tout en subtilité diplomatique : Stéphane Séjourné « a rappelé la position française de soutien au plan d’autonomie de 2007. Il a indiqué qu’il fallait avancer sur ce sujet. Et avancer signifiera favoriser le développement économique et social de ces régions, en appui des efforts du Maroc que le ministre a soulignés. Cela recouvre plusieurs actions en matière de formation, d’énergies renouvelables, de tourisme, d’économie bleu, ce sont des coopérations en faveur du développement fois économique et social de ces régions« , a précisé le Quai d’Orsay.
Certains observateurs estiment que cette action pourrait contribuer à apaiser les tensions en apportant un soutien à la population locale. Mais nombreux sont ceux qui craignent que ce pas ne fasse que conforter le statu quo et à retarder la résolution du conflit.
Le financement de projets au Sahara occidental est un sujet sensible qui touche à des questions de souveraineté, de développement et de droits humains. Ainsi la décision française est susceptible d’alimenter la controverse dans la région pour donner un gage de bonne volonté au Roi Mohammed VI. Mais ce n’est sans doute pas la meilleure décision pour pacifier les tensions dans la région.