Le Fonds monétaire international peut devenir une institution créatrice de « justice sociale » et pas seulement de « croissance économique », a assuré lundi Dominique Strauss-Kahn. Le nouveau directeur de l’organisme, qui prendra ses fonctions le 1er novembre prochain, a redit son intention de réformer le système de représentation au sein du FMI, notamment en faveur des pays africains.
Les journalistes n’étaient là que pour lui, ce lundi, au siège européen du Fonds monétaire international (FMI), à Paris. Et Dominique Strauss-Kahn, sourire en coin maîtrisé, regard posé, a l’air de savourer le crépitement des rafales de flashs qui salue son entrée dans la salle de conférence pleine de journalistes. Le prétendant malheureux à la candidature socialiste pour les dernières présidentielles françaises tient sa première conférence de presse depuis qu’il a été désigné vendredi dernier directeur du FMI.
Cette nomination, « c’est la réponse à] ma vie de militant et d’universitaire, a-t-il expliqué. L’occasion m’est donnée de sortir du champ clos des amphis et plateaux de télévision » et de prouver qu’il est possible de transformer le FMI « de sorte qu’il ne crée pas seulement de la croissance économique mais aussi de la justice sociale », a-t-il assuré. Une promesse que l’altermondialiste et ex-ministre malienne de la Culture, Aminata Traoré, appréciera à sa valeur, elle qui témoignait contre les institutions financières internationales que sont le FMI, la Banque mondiale ou l’OMC dans le film [« Bamako » de Abderrahmane Sissako.
Réforme des quotes-parts
Dominique Strauss-Kahn ne remplacera l’Espagnol Rodrigo Rato, actuel directeur du FMI, que le premier novembre prochain. C’est pourquoi il n’a pas souhaité « détailler » les objectifs qu’il compte assigner à l’institution et qu’il souhaite définir de façon collégiale. Il a néanmoins répété qu’il sera le « directeur de la réforme » du FMI, attendue depuis des années, et que celle des quotes-parts, déjà lancée par l’actuel directeur, serait l’une des plus importantes.
Mes priorités, a-t-il ajouté, seront de « traverser la 19e rue pour aller voir la Banque mondiale (siège de la BM et du FMI, à Washington), de traverser la mer des Caraïbes pour aller voir les pays d’Amérique latine et de traverser le Pacifique pour aller voir les pays asiatiques ». Quid de l’Afrique ? « Les pays africains, ce sont un milliard de personnes », explique-t-il. Et même s’ils ne pèsent pas économiquement le même poids que « le Brésil ou le Mexique », l’Inde ou la Chine, « il n’est pas normal qu’ils soient si peu représentés ».
« Les politiques doivent être adaptées à la situation africaine »
L’autre critique souvent formulée, ces dernières années, contre le FMI ou la BM, concerne les politiques économiques préconisées et jugées trop dures, notamment pour les populations. Cela a été le cas en Afrique, mais aussi en Argentine ou en Corée du Sud, les instances financières internationales ayant sur certaines situations elles-mêmes fait leur autocritique.
S’il estime que cette question « mérite discussion », l’ex ministre de l’Economie et des Finances ajoute « que les politiques doivent être adaptées à la situation africaine » et que d’une manière générale, il est faux de croire qu’une seule politique peut être transposable dans tous les pays. « Peut-être que le FMI n’a pas assez pris en compte ces différences », concède-t-il. C’est pourquoi la représentation des nations en développement ne se pose pas seulement en matière de quotes-parts et qu’il faudra au FMI « recruter du personnel et des experts originaires de ces pays pour comprendre leurs situations ».