Face au problème grandissant de la contrefaçon de médicaments en Afrique, le téléphone portable peut être une solution. Avec Sproxil.com, les médicaments sont dotés de chiffres qu’il suffit d’envoyer par SMS pour savoir s’il s’agit d’un remède authentique. L’idée d’Ashifi Gogo est actuellement expérimentée au Nigéria et au Ghana.
« Acheter des médicaments ici, c’est comme la roulette russe », estime le fondateur ghanéen de Sproxil.com, Ashifi Gogo. Convaincu que le choix entre un médicament sûr mais onéreux et un médicament bon marché mais contrefait ne devrait pas exister, cet ingénieur a eu une idée simple et efficace : doter les médicaments d’une carte à gratter avec un numéro unique. L’acheteur envoie par SMS ces chiffres que seul le serveur de Sproxil.com peut décrypter. Tombe alors le verdict : « OK » ou « Non. Faux produit », ce qui permet de rendre la boîte contrefaite au vendeur.
L’idée d’Ashifi Gogo a su retenir l’attention du jury du concours de l’African diaspora marketplace, un programme de promotion des investissements en Afrique de la diaspora du continent aux États-Unis. La petite entreprise nigériane recevra une subvention comprise entre 50 000 et 100 000 dollars (37 000 à 74 000 euros).
Ashifi Gogo a reçu le soutien de l’Agence nationale nigériane de contrôle des aliments et des médicaments (NAFDAC), qui a lancé l’expérimentation du procédé sur le Glucophage. On peut ainsi recevoir un texto qui indique « OK, Glucophage 500 mg original. Prenez à intervalles réguliers pour mieux contrôler votre diabète ». La NAFDAC compte étendre l’initiative à « tous les autres médicaments touchés par la contrefaçon ». L’expérimentation a été également lancée au Ghana.
Toutefois, il dépendra des fabricants de médicaments auxquels cette technologie impose des coûts supplémentaires qu’elle se propage. Sans compter que ce système ne peut fonctionner que si le lieu d’achat du médicament est couvert par un réseau de téléphonie mobile.
Un phénomène grandissant
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’un tiers des médicaments vendus dans les pays en voie de développement sont des faux, tandis qu’ils ne représentent que 1% du marché dans les autres pays. Ce commerce est très fructueux. Selon un rapport des Nations unies, il pourrait atteindre 75 milliards de dollars en 2010, soit une augmentation de 90 % depuis 2005.
Une étude récente menée à Madagascar, au Sénégal et en Ouganda a montré qu’entre 26 et 44% des médicaments contre la malaria étaient des contrefaçons. Cette « épidémie silencieuse », selon les termes de l’OMS, se compte aussi en milliers de morts : les contrefaçons ne contiennent aucun principe actif susceptible de soigner.
Lire aussi : Le fléau de la contrefaçon de médicaments en Afrique