Le candidat du parti à l’abeille, l’Adema (au pouvoir), a bouclé sa campagne retentissante par une série de meetings à Bamako. Dernières explications avant le scrutin.
De notre envoyée spéciale à Bamako
Soumaïla Cissé, que les Maliens surnomment affectueusement » Soumi « , est le candidat officiel de l’Adema (Alliance pour la démocratie du Mali), le parti de l’actuel président Alpha Oumar Konaré. A 52 ans, il en a passés dix au gouvernement. Secrétaire général de la Présidence de la République en 1992, ministre des Finances pendant sept ans, il est aujourd’hui ministre de l’Equipement, de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme. Réputé
aussi travailleur que l’abeille qui sert de logo à l’Adema, il est l’un des grands favoris du scrutin de dimanche après avoir mené une campagne retentissante. Il revient sur celle-ci.
Afrik.com : On dit que vous êtes le candidat qui a eu le plus de moyens pour mener sa campagne. Vous avez notamment utilisé un hélicoptère, du jamais vu au Mali. Cela risque de peser sur le choix des Maliens.
Soumaïla Cissé : Je n’ai pas eu plus de moyens qu’ATT ou IBK. Je sais bien que ces derniers ont été aidés par des chefs d’Etat africains pour financer leur campagne. Dans un pays aussi vaste que le Mali, il faut se donner les moyens de faire une bonne campagne, sinon ça ne sert à rien. Or, traverser le Mali en 21 jours, c’est impossible. Le fameux hélicoptère a été loué
par un ami, je n’allais pas refuser un tel cadeau ! De plus, le coût total de l’opération n’a pas dépassé celui de deux 4×4. Evidemment l’hélicoptère a marqué les esprits, c’est spectaculaire. Mais les autres candidats ont utilisé l’avion, qui coûte beaucoup plus cher ! Je suis très fier de notre campagne, nous avons choisi les moyens les plus opérationnels, c’est tout.
Afrik.com : A part cet hélicoptère, quels sont vos atouts pour remporter la présidentielle de dimanche ?
Soumaïla Cissé : J’ai passé dix ans au gouvernement au cours desquels j’ai noué des relations avec les cadres mais aussi la population. J’ai acquis une certaine crédibilité qui ne s’est pas ternie avec le temps. De plus je représente le parti majoritaire, le plus présent dans le pays, dont on retrouve des antennes dans chaque village. C’est un label porteur. Enfin, nous sommes allés vers les Maliens qui avaient besoin d’un contact direct et ça, c’est très important.
Afrik.com : A propos de l’Adema, la presse nationale parle d’un » parti en lambeaux « , qu’en est-il ?
Soumaïla Cissé : Il y a eu des dissensions au sommet qui se sont inévitablement répercutées sur la base, notamment au moment de la nomination du candidat pour la présidentielle. Une fois que cette question a été réglée, les militants ont repris confiance et se sont lancés à fond dans la campagne, oubliant les tensions. Aujourd’hui, l’Adema va bien. Et au vu de l’accueil que m’ont réservé les Maliens tout au long de cette campagne, le parti n’a pas perdu de sa force. Sans me vanter, j’ai vraiment été impressionné.
Afrik.com : Sur les 21 points de votre programme, quels sont les plus importants à vos yeux ?
Soumaïla Cissé : Nous avons effectivement fait une profession de foi pour centrer les idées. Mon programme s’appuie sur un bilan de dix ans que nous jugeons réussis. Pour autant, il reste à consolider la paix sociale et la démocratie dans le pays ainsi que la liberté des institutions. Il faut libérer les gens par un désenclavement de proximité, ne pas faire passer les grands axes de communication que par les villes les plus importantes. Nous devons aussi diversifier notre économie, trop tributaire du coton et de l’or. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain mais on peut par exemple transformer le coton dans le pays. Nous transformons à peine 1% de notre coton, c’est insuffisant.
Afrik.com : Le fait qu’il y ait 24 candidats à cette élection est-il, selon vous, un signe de vitalité ?
Soumaïla Cissé : S’il y a autant de candidats, c’est que tout le monde peut se présenter, sans restriction particulière. C’est tout à l’honneur de la démocratie malienne. Mais, 24 candidats, c’est trop. Je doute qu’il y ait 24 projets de société. Il faut travailler à modérer cela par la recomposition du visage politique du pays. Il me semble que 4 ou 5 candidats seraient un chiffre raisonnable.
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