Souleymane Diamanka partage son amour des mots et de l’oralité avec les apprentis chanteurs de la Star Academy. Ce talentueux slameur d’origine sénégalaise anime un atelier d’écriture optionnel une fois par semaine dans cette émission télévisée française. Si les élèves apprécient, l’artiste, en concert le 6 décembre à Paris, ne boude pas son plaisir…
Souleymane Diamanka roi des mots à la Star Academy. Chaque semaine, ce slameur d’origine sénégalaise anime au Château de Damaris-les-Lys un atelier optionnel où les apprentis chanteurs de l’émission de télé arrivent toujours en nombre. L’occasion pour Souleymane Diamanka de partager son amour des mots et de l’oralité, chère à son peuple peul. Un peuple qu’il célèbre dans L’Hiver peul, son premier opus sorti en avril dernier. L’artiste, en concert le 6 décembre au Casino de Paris, pour les 15 ans d’Africa N°1, nous explique son engagement dans l’aventure Star Academy et nous parle de son prochain album…
Afrik.com : Comment se porte votre album L’Hiver Peul ?
Souleymane Diamanka : Il a démarré tout doucement et maintenant ça commence à marcher. Je savais que le succès de cet album serait une course de fond pas un sprint. Vu que j’avais mis du temps à le faire, je savais qu’il mettrait du temps avant de rencontrer son public.
Afrik.com : Pensez-vous que le succès naissant de votre album soit dû à l’effet Star Ac’ ?
Souleymane Diamanka : Je ne pense pas car je suis passé peu dans l’émission et que ma contribution est assez discrète.
Afrik.com : Pourquoi avoir accepté d’animer un atelier dans ce programme ?
Souleymane Diamanka : Cela fait des années maintenant que j’anime des ateliers dans des centres sociaux, dans les cités ou avec des détenus. Je me suis dit que cela pouvait être intéressant pour mon CV et comme expérience professionnelle de faire un atelier dans le cadre de la Star Academy. Je voulais amener le slam ailleurs car j’aime bien l’idée de partage. Je voulais aussi apprendre quelque chose de nouveau et, quand tu enseignes, que tu apprends. Cette expérience m’a fait grandir, comme tout ce que je fais.
Afrik.com : Qu’espérez-vous apporter aux élèves ?
Souleymane Diamanka : Ils disent que je suis professeur de slam, mais cela n’existe pas : il y a autant de slam qu’il y a de slameurs. Mon objectif est plus de développer des jeux ludiques autour du mot et de l’oralité.
Afrik.com : Les élèves sont-ils réceptifs à votre cours ?
Souleymane Diamanka : Ces jeunes sont passionnés, ils croient en quelque chose. Ils sont auteurs-compositeurs et viennent super nombreux à chaque fois. Mais mes interventions dépendent toutefois de leur accueil. Si j’ai l’impression que ça ne sert plus rien que je vienne, je m’en irais.
Afrik.com : Un souvenir qui vous a marqué pendant votre cours ?
Souleymane Diamanka : J’ai organisé un clash amical pour apaiser les esprits parce qu’il y avait des tensions entre les élèves. J’avais déjà fait ça dans un centre social et ça s’est aussi bien passé. Mettre tout ça sur le papier aide à se réconcilier. L’écriture est un filtre.
Afrik.com : Il existe beaucoup de slameurs. Pourquoi la production vous a-t-elle choisi ?
Souleymane Diamanka : Endemol (la boîte qui produit l’émission, ndlr) est tombé sur moi parce qu’il a vu sur mon Myspace que j’anime des ateliers depuis longtemps. Ils ont voulu tenter l’expérience.
Afrik.com : Certains critiquent les émissions comme la Star Academy. Vous a-t-on dissuadé d’accepter l’offre ?
Souleymane Diamanka : Je savais que ça ferait parler. Des gens m’ont déconseillé de faire cette émission, sans avoir vraiment de raison contre. Mais même les conseils négatifs restaient intéressant pour le dialogue. Ceux qui étaient pour me disaient que je ne devais pas avoir honte si je restais le même. Pour ma part, même si j’ai pris le temps de réfléchir, je pense que la Star Academy est un radio-crochet comme il en existe depuis longtemps. Sauf que les moyens sont différents.
Afrik.com : Est-il prévu que vous chantiez sur le prime du vendredi soir ?
Souleymane Diamanka : On m’a demandé de faire une prestation. On est en train d’organiser ça. L’intérêt est de faire une rencontre autour d’un morceau à moi et de faire aussi écrire les élèves.
Afrik.com : Quels sont vos projets ?
Souleymane Diamanka : Je prépare mon deuxième album. Avec les concerts, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour écrire… Pour l’instant, j’ai quelques phrases, comme « si quelqu’un te parle avec des flammes réponds-lui avec de l’eau ». A partir de cette phrase, j’ai écrit le poème « Réponds-lui avec de l’eau », dont je suis vraiment fier. Il y a aussi « Le vœu exaucé de Jenaba », où ma mère s’exprime un peu en réponse à L’Hiver Peul, et « Donneur de paroles d’honneur », qui parle des auteurs et de l’oralité.