Soudan : un pas de côté vers la Paix…


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Après 10 ans d’insurrection armée, les rebelles de l’Est soudanais ont signé samedi 14 octobre un accord aux termes duquel le gouvernement soudanais leur fait une place dans l’appareil d’Etat.

Signé à Asmara, la capitale erythréenne, par le responsable de la délégation des rebelles de l’Est du Soudan, Mousa Mohamed Ahmed, avec l’homme fort de Khartoum, le Président soudanais Omar Hassan al Bachir, cet accord constitue un pas important vers l’apaisement civil au Soudan, et le Président Al Bachir s’est engagé à le « respecter à la lettre ».

Il concerne une région importante pour l’équilibre du pays : l’Est comprend avec Port Soudan le seul vrai débouché maritime d’un pays pour l’essentiel enclavé, mais aussi une importante mine d’or et des gisements de diamant. Par ailleurs, c’est évidemment vers Port Soudan que les oléoducs soudanais convergent, pour approvisionner les super-tankers du monde entier.

Une reconnaissance politique

Les rebelles ne déposent pas les armes sans quelques contreparties : ils obtiennent un siège de Secrétaire d’Etat au gouvernement central soudanais, comme l’a confirmé avec netteté à Reuters Amna Dirar, Secrétaire général du principal parti de l’Est, le Congrès Béja, représentant la population Béja, non arabe.

Un Conseiller du Président soudanais sera également issu de leurs rangs. Par ailleurs, le « Front de l’Est » disposera de huit sièges au parlement de Khartoum et de 10 sièges dans les parlements de chacune des trois provinces qui composent l’Est du Soudan. Bref, les rebelles de l’Est gagnent une reconnaissance politique en contrepartie d’un arrêt de la lutte armée.

Bonne nouvelle pour l’Erythrée et le Soudan

La nouvelle est incontestablement une bonne nouvelle pour l’Erythrée, voisine orientale du Soudan, qui avait souvent servi de refuge à des rebelles armés et qui était dénoncée régulièrement pour sa « sympathie » envers leur combat. L’Erythrée cessera-t-elle pour autant d’être une terre d’asile pour les dissidents soudanais? Rien n’est moins sûr…

Pour ce qui concerne Khartoum, cette paix avec les rebelles de l’Est est également une victoire politique : ils avaient souvent été les alliés des rebelles du Sud et du Darfour. En signant une paix séparée, ils confortent le pouvoir de l’Etat soudanais dans le sentiment qu’il est dans son droit en réglant à sa guise la situation des autres régions plongées dans la guerre civile.

Et l’on peut se demander, paradoxalement, si cette paix séparée à l’Est est une très bonne nouvelle pour l’Union Africaine et les organisations internationales dans leur combat pour faire cesser les dérives sanglantes et tragiques où sombrent au même moment le Darfour et le Sud du Soudan…

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