Le pouvoir soudanais a nommé Musa Hilal au poste de conseiller auprès du ministre des Affaires fédérales. Le fragile processus de paix pourrait souffrir de l’entrée au gouvernement central de cet homme, soupçonné d’être le leader de miliciens qui commettent des atrocités au Darfour.
Le gouvernement soudanais avait en premier lieu démenti l’information mais c’est désormais officiel : Musa Hilal a été nommé à un poste de responsabilité dans le gouvernement central de Khartoum. Il occupe le poste de conseiller auprès du ministère des Affaires fédérales, qui s’occupe des relations entre le pouvoir et les provinces soudanaises. Cette nomination promet de faire couler beaucoup d’encre car Musa Hilal, qui sera en charge des affaires tribales, est un personnage controversé.
Accusé de diriger les auteurs de crimes
Il est accusé par les Etats-Unis et plusieurs associations des droits de l’homme d’avoir participé aux massacres qui ont cours dans la région du Darfour, à l’Ouest du pays. Plusieurs témoins oculaires interrogés par Human Rights Watch ont désigné Musa Hilal comme leader des janjawids, accusés de commettre des atrocités au Darfour. Une note officielle datée du 13 février 2004 que s’est procurée l’association de défense des droits humains souligne par ailleurs que les exactions présumées du nouveau conseiller ministériel étaient connues et soutenues par Khartoum.
Dans ce document, le pouvoir demande aux « unités de sécurité de la localité » d’« autoriser la poursuite des activités des moudjahiddines et des volontaires placés sous le commandement du Sheikh Musa Hilal dans les régions de [Nord-Darfour] afin de répondre à leurs besoins vitaux ». Il poursuit : « Nous insistons également sur l’importance de ne pas intervenir, et de ne pas remettre en question leur autorité tout en fermant les yeux sur les délits mineurs commis par les moudjahiddines contre les civils soupçonnés d’être des membres de la rébellion… ».
Processus de paix en péril ?
Interviewé en 2004 par Human Rights Watch, Musa Hilal a démenti les allégations le présentant comme un leader de miliciens et assure que ses partisans n’ont jamais commis d’exactions. Une position que soutient le gouvernement. « Nous pensons que les accusations contre lui sont inexactes », a expliqué le président soudanais lundi, à l’occasion d’un déplacement en Turquie. Omar el-Béchir a ajouté que « ceux qui ont commis des meurtres au Darfour » étaient « ceux qui reçoivent le soutien de l’Europe » et a certifié que Musa Hilal a « contribué à la paix et à la stabilité ».
Reste que certains craignent que la nomination de Musa Hilal n’aille pas dans le sens de la consolidation du processus de paix. Les rebelles qui combattent le gouvernement pour obtenir plus de reconnaissance pourraient en effet interpréter la décision de Khartoum comme une provocation.