Le gouvernement soudanais a annoncé mettre un terme à deux protocoles d’accord signés avec les Émirats Arabes Unis, en réaction à ce qu’il considère comme une ingérence dans ses affaires intérieures. Ces accords, datant d’avant le début du conflit actuel, portaient sur des investissements économiques d’Abou Dhabi au Soudan, principalement dans les secteurs des infrastructures et de l’agriculture. Selon des sources officielles, cette décision fait partie d’un réalignement stratégique visant à renforcer la souveraineté économique du pays.
Depuis l’éclatement du conflit interne en avril 2023, le Soudan a été plongé dans une crise profonde, aggravée par des tensions politiques internes et des interventions perçues comme étrangères. Les autorités soudanaises estiment que certaines puissances régionales, dont les Émirats Arabes Unis, profitent de la situation de guerre civile pour influencer les politiques internes. La rupture des accords vise donc à diminuer cette influence perçue, tout en rappelant aux partenaires régionaux la volonté du Soudan de garder le contrôle de ses ressources stratégiques.
Ingérence incompatible avec le statut de partenaires économiques
Les protocoles annulés, signés sous le précédent gouvernement, comprenaient des projets à long terme et représentaient plusieurs centaines de millions de dollars d’investissements. Ces accords portaient notamment sur le développement des infrastructures agricoles, des projets de construction et de développement urbain dans les principales villes soudanaises. Toutefois, les autorités actuelles remettent en question ces projets, elles estiment qu’ils servaient davantage les intérêts émiratis que ceux du Soudan.
Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, aggravé par la position des Émirats dans le conflit. Selon le Soudan, les Émirats Arabes Unis auraient apporté un soutien discret à certains acteurs locaux impliqués dans la guerre civile. Ce qui, selon Khartoum, constitue une ingérence incompatible avec leur statut de partenaires économiques. Ces soupçons ont poussé les autorités soudanaises à examiner de près toutes les relations bilatérales qui pourraient menacer leur souveraineté.
Complication des projets émiratis au Soudan
En révoquant ces accords, le Soudan cherche à donner un signal clair de sa volonté de reprendre le contrôle de ses partenariats économiques. Les autorités soudanaises affirment vouloir attirer des investissements plus transparents, sans interférence politique, pour mieux répondre aux besoins de reconstruction du pays en guerre. Elles espèrent que cette décision encouragera les partenaires étrangers à respecter les conditions fixées par Khartoum pour tout investissement.
Les Émirats arabes unis n’ont pas encore officiellement réagi à cette décision, mais certains experts estiment que la rupture pourrait tendre davantage les relations entre Abou Dhabi et Khartoum. En effet, les Émirats ont historiquement soutenu plusieurs initiatives économiques au Soudan, en particulier dans le secteur agricole, qui revêt une importance stratégique pour la sécurité alimentaire de la région. La rupture de ces accords pourrait compliquer les projets émiratis dans le pays.
Politique de réévaluation plus large des accords
Le Soudan envisage de revoir l’ensemble de ses accords commerciaux et d’investissement signés avec d’autres pays du Golfe pour s’assurer qu’ils sont en adéquation avec ses objectifs de développement. Les autorités soudanaises espèrent renforcer leurs liens avec des partenaires respectant les intérêts nationaux sans tentatives d’ingérence. Cette mesure fait partie d’une politique de réévaluation plus large dans laquelle le gouvernement cherche à s’assurer que les accords sont profitables pour le peuple soudanais.
Les analystes voient cette démarche comme une tentative du Soudan de reconstruire un réseau de relations internationales fondées sur la confiance et le respect mutuel. Cependant, ils notent que la rupture des accords avec les Émirats pourrait avoir des répercussions économiques, au moment où le Soudan a un besoin crucial de capitaux pour financer sa reconstruction. Ils estiment néanmoins que le pays cherche avant tout à privilégier une coopération respectueuse de sa souveraineté.
Détermination à établir des relations équilibrées
Pour le Soudan, cette rupture est aussi une manière de rappeler aux autres puissances régionales et internationales son refus de toute ingérence. En effet, le pays a été marqué par des décennies de conflits et d’interventions étrangères qui ont entravé son développement. En mettant fin à ces protocoles, les autorités envoient un message fort quant à leur détermination à établir des relations équilibrées.
Ce repositionnement pourrait amener d’autres pays de la région, comme l’Égypte et l’Arabie Saoudite, à reconsidérer leurs propres accords avec Khartoum. Ces pays observent de près l’évolution des relations soudano-émiraties, car cela pourrait influencer leurs propres partenariats économiques avec le Soudan.