Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit opposant les Forces de soutien rapide (FSR) et l’armée nationale, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de facto du pays. Plus de 120 personnes ont perdu la vie lors d’une attaque dans l’État d’Al-Jazira, au centre du pays, perpétrée par les FSR. Ce massacre, dénoncé par le ministre de la Santé, Haitham Mohamed Ibrahim, a aussi fait plus de 200 blessés.
Catherine Russell, directrice de l’Unicef, a exprimé sa profonde inquiétude face à la violence croissante affectant les enfants et les familles d’Al-Jazira. Au moins dix enfants figurent parmi les 124 morts de cette attaque, certains n’ayant que 10 ans. Cette escalade de violences envers les civils et les jeunes exacerbe la crise humanitaire dans la région, où les services de santé se retrouvent débordés et des dizaines de milliers de personnes sont en situation de détresse.
Depuis le début du conflit, le nombre de morts s’élève entre 20 000 et 150 000, avec de nombreuses victimes non recensées. La violence des FSR s’est intensifiée dans l’État d’Al-Jazira, surtout après la défection d’un de leurs commandants vers l’armée. Les médecins soudanais appellent les Nations unies à garantir des couloirs humanitaires vers les villages ciblés par les FSR, qualifiant la situation de « génocide ».
Réunion du Conseil de sécurité de l’ONU
Face à l’insécurité, de nombreux centres de soins d’urgence ont dû fermer, compromettant ainsi l’accès aux secours. Le Soudan compte aujourd’hui plus de 14 millions de déplacés internes et réfugiés, dont 11 millions ont fui leurs foyers à l’intérieur du pays et 3,1 millions ont traversé les frontières. La directrice de l’OIM, Amy Pope, souligne que certains de ces déplacés avaient déjà quitté leurs habitations avant l’éclatement du conflit actuel.
Devant la gravité de la situation, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence, le 28 octobre. Les membres y ont déploré l’intensification des combats qui opposent le général Abdel Fattah al-Burhan à son ancien allié, le général Mohammed Hamdan Daglo, chef des FSR. Après dix-huit mois de guerre, le Soudan est dévasté, avec des milliers de morts, des millions de déplacés et 25 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire.
Coopération entre l’armée et les civils
Lors de cette réunion, un représentant soudanais a souligné les efforts de l’armée pour protéger les civils et faciliter l’acheminement des aides humanitaires. Il a affirmé que l’armée coopérait avec les civils dans les zones qu’elle contrôle. Ce, pour tenter de garantir leur sécurité et de sécuriser l’accès des secours en vue de répondre à leurs besoins vitaux, malgré les pillages perpétrés par les FSR.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les parties à cesser les hostilités et à engager des pourparlers. Il s’inquiète du risque d’extension du conflit à l’échelle régionale, notamment vers le Sahel et la Corne de l’Afrique. Guterres appelle à une intervention internationale impartiale pour protéger les civils et garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire.
Exil massif de la population
Pour Guterres, l’urgence est de sécuriser l’acheminement de l’aide afin de subvenir aux besoins des millions de Soudanais en situation critique. Le conflit a déjà provoqué l’exil massif de la population et aggravé l’insécurité alimentaire pour plus de 750 000 personnes. La conséquence est une augmentation nette des besoins en aide humanitaire.
Le Soudan, l’un des pays les plus pauvres du monde, est aujourd’hui en proie à une crise humanitaire sans précédent. La guerre entre les FSR et l’armée a dévasté des zones entières et déplacé des millions de Soudanais. Ce qui compromet gravement l’accès aux services de santé et aux ressources essentielles pour des millions d’habitants.