Omar el-Béchir, ancien dictateur soudanais, a été évacué vers un hôpital pour des raisons médicales.
Le nom d’Omar el-Béchir continue de résonner au Soudan, des années après sa chute du pouvoir en 2019. L’ancien dictateur, autrefois tout-puissant, a été récemment transféré de sa prison à un hôpital de Merowe, officiellement pour des raisons médicales. Ce transfert, effectué dans un contexte de guerre civile acharnée, soulève des questions et plonge le pays dans un climat d’incertitude.
Un transfert sous haute surveillance
Le 19 septembre dernier, Omar el-Béchir, âgé de 80 ans, a été déplacé de sa cellule située au nord d’Ondurman vers l’hôpital de Merowe, à plus de 400 km de Khartoum. La raison avancée par son équipe juridique : son état de santé. L’ancien président souffrirait de complications dues à son âge, nécessitant des traitements indisponibles dans son lieu de détention précédent, la base militaire de Wadi Seedna. Ce transfert, sous surveillance rapprochée, a également concerné deux de ses collaborateurs, l’ancien ministre de la Défense et l’ancien ministre des Sports.
Complications médicales ou calcul politique ?
Bien que l’équipe de défense d’Omar el-Béchir insiste sur la nature strictement médicale de ce transfert, certains observateurs se demandent s’il n’y a pas d’autres motivations sous-jacentes. El-Béchir reste une figure centrale au Soudan, notamment en raison des poursuites engagées contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Cependant, malgré les mandats d’arrêt internationaux, il n’a jamais été extradé. La décision de le transférer dans un hôpital aussi éloigné en pleine guerre civile pourrait-elle cacher un calcul stratégique de la part des autorités soudanaises ?
Le Soudan au bord du gouffre
Ce transfert médical intervient dans un contexte extrêmement tendu pour le Soudan. Depuis avril 2023, une guerre féroce oppose les forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), commandés par Mohamed Hamdane Dogolo, dit « Hemedti ».
Ce conflit, qui entre dans son 17e mois, a déjà causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes et jeté des millions d’autres dans une insécurité alimentaire dramatique. Dans ce climat d’incertitude, le sort d’Omar el-Béchir, même s’il n’est plus au pouvoir, reste un sujet sensible et potentiellement déstabilisateur.
La lente agonie d’un régime déchu
Le transfert d’Omar el-Béchir à l’hôpital de Merowe rappelle que l’ancien dictateur, bien qu’évincé du pouvoir, demeure une figure centrale dans l’histoire contemporaine du Soudan. Déchu en 2019 après des mois de manifestations populaires contre son régime, il est resté emprisonné au Soudan, malgré les appels à son extradition vers la CPI. Aujourd’hui, à 80 ans, son avenir semble incertain, mais son ombre continue de planer sur un pays en proie au chaos.