Soudan : offensive à El Fasher après des mois de siège


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Le chaos au Soudan
Le chaos au Soudan

Au Soudan, la ville d’El Fasher, capitale historique du Darfour, subit une grande offensive menée par les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti. Après des mois de siège, cette attaque marque une escalade alarmante dans la guerre qui ravage le Soudan, depuis avril 2023. Alors que la ville est sous le feu continu, la population civile paie un lourd tribut.

Selon les habitants, les bombardements incessants ont ravagé des quartiers entiers, forçant les civils à fuir ou à se terrer dans les rares refuges encore debout. « Nos maisons dans le sud de la ville ont été complètement détruites », raconte un résident d’El Fasher. Dans certaines zones, les rues sont désertes, les familles ayant fui les combats intenses.

Un bilan humain tragique

Les pertes humaines augmentent chaque jour. Rien que ce samedi, 14 civils ont été tués et 40 autres blessés, bien que les chiffres réels soient probablement beaucoup plus élevés, selon des sources médicales. Les violences empêchent souvent les familles d’enterrer leurs proches dans les cimetières, obligeant les habitants à les ensevelir là où ils tombent.

Depuis le début de cette bataille, des centaines de personnes ont perdu la vie, et des milliers d’autres ont été déplacées, fuyant les horreurs des combats. Les camps de réfugiés, tels que celui de Zamzam près d’El Fasher, sont débordés, et la famine commence à s’installer. Ce qui a pour conséquence directe de créer une urgence humanitaire sans précédent.

Rivalité viscérale entre généraux

Le conflit actuel trouve ses racines dans une lutte de pouvoir entre deux généraux rivaux. Le général Abdel Fattah al-Burhan, à la tête de l’armée soudanaise, s’oppose aux forces paramilitaires des FSR, dirigées par Hemedti. Ce dernier, ancien proche allié de Burhan, s’est retourné contre lui dans une quête de contrôle du pays. La guerre qui en découle a transformé plusieurs villes, dont El Fasher, en véritables champs de bataille.

La prise d’El Fasher est capitale pour Hemedti, car elle représente une position stratégique dans la région du Darfour. La ville, autrefois prospère, est aujourd’hui en ruines, et les civils sont pris au piège dans une lutte de pouvoir qui semble ne pas avoir de fin.

L’implication internationale

L’inquiétude internationale s’accroît à mesure que la situation empire. Le Président américain Joe Biden a récemment appelé les deux camps à retirer leurs forces d’El Fasher pour éviter une catastrophe humanitaire. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a lui aussi exprimé sa crainte de voir le conflit dégénérer en un nouveau génocide, tandis qu’Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, se dit « gravement préoccupé » par l’intensification des violences.

Malgré ces appels, les FSR continuent leur avancée, aggravant les souffrances des civils pris entre les deux factions. L’accès à l’aide humanitaire est limité, voire impossible dans certaines zones, en raison du blocus imposé par les forces de Hemedti.

Des dégâts matériels immenses

Outre les pertes humaines, les dégâts matériels sont colossaux. Les infrastructures essentielles, telles que les hôpitaux, les écoles et les routes, ont été en grande partie détruites. Plusieurs routes importantes pour l’approvisionnement en nourriture et en médicaments sont coupées. Ce qui rend l’accès à l’aide humanitaire encore plus difficile.

De plus, les systèmes de santé, déjà fragiles avant le conflit, sont désormais débordés et sous-équipés pour faire face à l’afflux de blessés. Les médecins et le personnel médical sur place travaillent dans des conditions désespérées, manquant de tout, des médicaments aux équipements de base.

Une crise humanitaire aux portes de l’ONU

La crise à El Fasher intervient alors que la guerre civile au Soudan continue de faire rage. Un conflit qui pousse des millions de personnes à fuir leur foyer. Selon l’ONU, plus de 6,8 millions de Soudanais sont déplacés à l’intérieur du pays, tandis que des centaines de milliers ont cherché refuge dans les pays voisins comme le Tchad et l’Égypte.

L’Assemblée générale de l’ONU, qui doit prochainement aborder la situation au Soudan, est confrontée à un dilemme urgent. Les appels à la cessation des hostilités se multiplient, mais jusqu’à présent, les efforts diplomatiques, notamment ceux des États-Unis et de l’Arabie Saoudite, n’ont pas permis de faire taire les armes.

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