Les pourparlers de paix au Soudan, prévus à Genève, sont en péril alors que Khartoum pose des conditions strictes et exprime de profondes réserves.
La guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023, opposant l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhan aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a conduit à des négociations infructueuses. Pourtant, Washington persiste à organiser des pourparlers de paix à Genève, prévus pour le 14 août 2024. Khartoum, cependant, a exprimé de sérieuses réserves sur ces discussions, révélant un fossé grandissant entre la vision américaine et celle du gouvernement soudanais.
Le désaccord sur les préliminaires
Avant d’envisager Genève, des discussions préalables se sont tenues à Djeddah, en Arabie Saoudite, du 9 au 11 août. Ces consultations, souhaitées par Khartoum, devaient préparer le terrain pour une participation constructive aux pourparlers suisses. Cependant, le ministre soudanais des Mines, Mohammed Abou Namo, chef de la délégation soudanaise, a annoncé l’échec de ces consultations, soulignant l’incapacité des États-Unis à contraindre les FSR à respecter les accords de Djeddah, signés un an plus tôt. Ce désaccord a creusé davantage le fossé entre les attentes de Khartoum et les ambitions américaines.
Malgré les réticences de Khartoum, Washington reste déterminé à lancer les discussions à Genève, même en l’absence des représentants soudanais. Pour Tom Perriello, l’envoyé spécial américain pour le Soudan, les pourparlers viseront prioritairement la cessation des hostilités et la protection des civils, sans intégrer de dialogue politique. Cependant, sans la présence du gouvernement soudanais, la médiation formelle semble compromise, réduisant ces pourparlers à de simples discussions techniques.
La participation controversée des Émirats
Un autre point de friction réside dans la présence des Émirats arabes unis en tant qu’observateur à Genève. Khartoum rejette catégoriquement tout nouvel observateur, accusant régulièrement Abou Dhabi de soutenir les FSR. Néanmoins, Washington insiste sur l’importance de la participation des Émirats et de l’Égypte, les considérant comme des garants potentiels d’un éventuel accord. Cette divergence de vues pourrait encore fragiliser les chances de succès de ces pourparlers.