Les temps sont durs pour les organisations humanitaires au Darfour, depuis l’émission du mandat d’arrêt international par la CPI contre le président soudanais, Omar el-Béchir. Victimes d’intimidations, treize d’entre elles ont déjà été expulsées du Soudan. Mercredi, trois travailleurs de Médecins sans frontières (MSF) ont été kidnappés et leurs ravisseurs exigent une rançon.
Les organisations humanitaires opérant dans la province occidentale du Soudan ont la tâche de plus en plus difficile au Darfour, province occidentale du soudan en proie à la guerre civile. Elles sont dans le collimateur des autorités du pays, depuis l’émission, le 4 mars, du mandat d’arrêt international par la Cour pénale internationale (CPI), contre le président Omar el-Béchir, pour crime de guerre et crime contre l’humanité.
En représaille à cette décision de la justice internationale, treize ONG ont déjà été expulsées du territoire. Et, mercredi, trois travailleurs (un Français, une Canadienne et un Italien) de Médecins sans frontières ont été enlevés au Darfour par huit hommes armés. L’organisation non gouvernementale a alors décidé de quitter la province en guerre. Les ravisseurs ont réclamé, jeudi, une rançon en échange de la libération de leurs otages. Les kidnappeurs auraient été identifiés par les autorités soudanaises. « Nous savons où ils sont, mais pour des raisons évidentes nous ne pouvons rien préciser », ont-elles indiqué ce vendredi.
Intimidation et harcèlement
Osmane Mohammed Yousif Kibir, le gouverneur du Darfour-Nord, a indiqué que les autorités du pays sont en négociations avec les ravisseurs. Il a affirmé que leur coordonnée téléphonique lui a été communiquée par deux employés soudanais de la section belge de MSF. Un peu plus tôt, avant l’enlèvement, l’Organisation des nations unies (Onu) s’est déclarée « inquiète » pour la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain suite à des « incidents répétés d’intimidation et de harcèlement ». Ban Ki-moon a, une nouvelle fois demandé au Soudan d’annuler sa décisions d’expulser des ONG. Selon les Nations unies, plus d’un million de personnes vont être affectées par le départ de ces organisations.
Jeudi, le gouvernement soudanais a indiqué qu’il était prêt à autoriser à de nouvelles ONG de venir travailler au Darfour, en remplacement de celles qui ont été appelées à quitter le pays. A condition, toutefois, que ces ONG respectent les lois soudanaises, ont précisé les dirigeants soudanais. Ils ont, par ailleurs, publié cette semaine une liste de 19 ONG soudanaises chargées de remplacer les organisations expulsées, et le ministère de la Santé a assuré qu’il enverrait 100 médecins au Darfour et des médicaments, rapporte l’AFP.
Alors que l’Ouganda et le Sud-Soudan ont appelé ce vendredi au report du mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir. Selon Ban Ki-moon, el-Béchir pourrait éviter cette poursuite de la justice internationale si son pays engageait de lui-même un processus judiciaire « crédible ».
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