Soudan : les FSR du général Hemedti passent à l’action


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Le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, chef des Forces de soutien rapide (FSR)
Le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, chef des Forces de soutien rapide (FSR)

L’annonce a fait l’effet d’une déflagration sur la scène politique soudanaise. Le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, chef des Forces de soutien rapide (FSR), a orchestré la signature d’une charte fondatrice à Nairobi pour créer un gouvernement de « paix et d’unité ».

Une initiative qui inquiète le pouvoir en place à Port-Soudan et ravive les craintes d’une partition du pays.

Une charte signée dans la clandestinité

C’est au cœur de la nuit du 22 février 2025, après des heures de tractations secrètes, que la charte fondatrice a finalement été paraphée à Nairobi. Cette initiative, lancée par les FSR, réunit une coalition de 24 organisations. Celles-ci vont de partis politiques à des factions armées et des syndicats.

Parmi les signataires notables figurent le parti Oumma, le mouvement Justice et égalité, ancien membre de la coalition civile Taqadum, ainsi que le SPLM-Nord, un puissant groupe armé du sud du pays. L’objectif affiché est clair : créer une alternative politique à l’actuel gouvernement basé à Port-Soudan et dominé par l’armée régulière.

Une vision d’un Soudan laïque et décentralisé

Au cœur de cette charte se trouve une vision politique ambitieuse. Les signataires s’engagent à édifier un Soudan « laïque, démocratique et décentralisé« . Ils rompent ainsi avec l’héritage islamiste qui a marqué le pays durant des décennies. Le texte prévoit également la création d’une « nouvelle armée nationale, unifiée et professionnelle« , censée refléter la diversité ethnique et régionale du Soudan.

Cette prise de position s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées entre les FSR et l’armée soudanaise, qui se disputent le contrôle du territoire depuis deux ans. Alors que l’armée régulière maintient son emprise sur le nord et l’est du pays, les FSR dominent l’ouest, notamment la région du Darfour, ainsi qu’une partie du sud.

Une réaction virulente du gouvernement soudanais

Sans surprise, le gouvernement en place à Port-Soudan a réagi avec fermeté. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Ali Youssef, Khartoum a condamné cette tentative de création d’un pouvoir parallèle.

Les tensions diplomatiques se sont immédiatement intensifiées. Le Soudan a rappelé son ambassadeur au Kenya et accusé le président William Ruto de soutenir cette initiative à des fins personnelles et économiques. L’ombre des Émirats arabes unis plane également sur cette affaire, Abou Dhabi étant régulièrement soupçonné de financer les FSR, bien que l’émirat démente toute implication.

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