La famine menace près de trois millions de personnes au Soudan. Entre sécheresse et guerre civile, le pays risque de connaître, comme en 1998, un véritable désastre humanitaire. Le Programme alimentaire mondial réclame à la communauté internationale une aide d’urgence de 135 millions de dollars.
Soudan : cent trente cinq millions de dollars pour éviter le pire. La famine. Une question de vie ou de mort. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) en appelle à la communauté internationale pour répondre à l’urgence des besoins humanitaires dans le pays. 2.6 millions de personnes sont menacées.
Sur fond de guerre civile, les mauvaises récoltes, observées l’année dernière, acculent le Soudan aux plus sombres perspectives. » Chaque année, l’Organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le PAM, évaluent, à l’issue des récoltes, la situation céréalière de différents pays. La sécheresse, qui a durement frappé le Soudan, explique les très mauvaises récoltes de l’été dernier « , commente Christiane Berthiaume, porte parole du PAM.
170% d’inflation pour le prix du sorgho
La loi de l’offre et de la demande, l’implacable logique économique, entre alors en action. Plus rares, les produits de la terre deviennent plus chers. La céréale de base, le sorgho, qui s’échangeait, en janvier 2000, à 15 000 livres soudanaises les 95 kg (54 FF), a vu son prix grimper à 40 000 livres (144 FF) en novembre de la même année. Les Soudanais ne peuvent évidemment pas suivre.
Pour subsister, de plus en plus de gens commencent à vendre leurs animaux et leurs troupeaux, constatent sur place les membres du PAM. « Autant de signes de pré-famine, lorsque l’on connaît l’importance que revêtent les bêtes pour ses populations », précise Christiane Berthiaume.
17 ans de guerre civile
La guerre civile n’arrange rien. Les différentes factions armées qui combattent le gouvernement de Khartoum dans le sud du pays ne facilitent en rien l’action du PAM, obligé le plus souvent d’effectuer ses distributions alimentaires par largages.
Pour l’heure, une course contre la montre s’engage. » Nous devons intervenir avant mai, avant la saison des pluies, parce que les routes ne seront alors presque plus praticables « . Les caisses vides du PAM attendent donc avec une impatiente fébrilité des gestes concrets de la communauté internationale.