Le gouvernement soudanais et les rebelles de l’Armée de libération du peuple soudanais ont signé, vendredi, les deux derniers protocoles qui les mèneront à parapher une paix globale le 9 janvier prochain au Kenya. Cette signature historique vient mettre fin à plus de deux décennies de guerre entre le Nord du pays et l’une des factions rebelles les plus actives du Sud. Mais il reste d’autres crises à gérer, et notamment celle du Darfour, à l’Ouest du pays.
Le Nord et le Sud du Soudan scellent la fin du plus long conflit d’Afrique. Le gouvernement de Khartoum et les rebelles de l’Armée de libération du peuple soudanais (SPLA) ont en effet, signé, vendredi à Naivasha (Kenya), les deux derniers protocoles devant mener à une paix globale. Cette dernière devrait être paraphée par les deux parties le 9 janvier prochain à Nairobi, la capitale kenyane, mettant ainsi un terme à une guerre civile de plus de deux décennies. C’est une victoire de taille pour le pouvoir, qui devra toutefois s’atteler à gérer les autres crises qui secouent le pays.
La guerre qui a opposé les autorités et les rebelles de la SPLA a commencé en 1983, lorsque le Président de l’époque, Gaafar al-Nimeiri, a imposé l’application de la charia (loi islamique) dans le pays. Ce qui ne pouvait que causer l’insurrection des Sudistes, principalement animistes et chrétiens, contrairement au Nord musulman. Le leader et le père de la SPLA est John Garang, qui donnera plus tard naissance au Mouvement de libération du peuple soudanais (SPLM). Les combats entre les différentes factions rebelles du Sud et le Nord ont fait plus de 1,5 million de morts.
Entrée en vigueur d’un « cessez-le-feu permanent »
Grâce aux pourparlers, plusieurs groupes dissidents ont déjà cessé les combats, mais pas la SPLA, principal mouvement rebelle. Ils s’étaient, entre autres, entendus sur le partage du pouvoir (John Garandg devrait ainsi devenir Vice-président) et des richesses (le pétrole doit revenir à hauteur de 50/50 entre les deux parties). Les discussions butaient sur deux points : le cessez-le-feu permanent et les modalités d’application de l’accord de paix. Il n’y a plus de problème de ce côté, puisque c’est précisément sur ces aspects que le pouvoir et la faction sont tombés d’accord vendredi, deux ans après le début des pourparlers.
Radio France Iinternationale (RFI), qui a pu avoir une copie des textes, rapporte par ailleurs que le dépôt des armes se fera « 72 heures après la signature de l’accord global », moment à partir duquel « le cessez-le-feu permanent entrera en vigueur. Par la suite, l’armée régulière quittera, progressivement, le Sud. La SPLA devra en retour retirer ses troupes de l’Est du pays. La démobilisation et la réinsertion sont aussi prévues.
Référendum dans six ans sur l’indépendance
En ce qui concerne les modalités d’application de l’accord de paix global, RFI explique que, dimanche, une « pré-transition » de six mois, pendant laquelle la constitution devra être établie, de même que les différentes institutions législatives et exécutives devant opérer au cours de la transition. Une période intérimaire commencera alors et durera six ans. Au terme de celle-ci, les Sudistes choisiront, par la voie du référendum, s’ils veulent ou non rester sous l’autorité de Khartoum. Sur le plan économique, le Sud devrait recevoir une manne provenant de l’exploitation pétrolière dès la signature de l’accord global.
Tout semble rentrer dans l’ordre dans le Sud du pays. Mais il reste des mouvements dissidents dans cette région, mais aussi au Darfour (Ouest). « Le texte prévoit la création, quinze jours après la signature, d’un comité chargé de convaincre les autres groupes armés, et notamment les milices du Sud, de se fondre dans l’une des deux armées, dans des services de l’État comme la protection de la faune… ou de disparaître… Cet ‘effacement’ des autres groupes devra avoir été fini un an après l’accord de paix », souligne RFI.
S’occuper des autres rébellions
Le Président Omar Al-Béchir ne s’y est pas trompé. Il déclare que le traité « parachève l’indépendance du Soudan, à qui il manquait la paix au Sud », avant de préciser : « Notre joie ne sera pas totale tant que la paix des cœurs n’aura pas été établie au Darfour ». Mais pour que la paix soit totale, il faudra en plus que les courants dissidents au sein du mouvement de John Garang acceptent la paix et trouver un terrain d’entente avec les rebelles béjas, bien que moins importants, de l’Est du pays, à la frontière avec l’Erythrée.
Certains estiment que l’optimisme est de mise pour la résolution du conflit au Darfour, qui oppose depuis près de deux ans les troupes gouvernementales aux rebelles de cette région. Yasser Arman, un porte-parole dela SPLA, a expliqué à l’Agence France Presse, faisant allusion à deux réunion sur cette crise, que l’accord signé « aura un impact positif sur les négociations d’Abuja (Nigeria, ndlr) et du Caire (Egypte, ndlr) ». Le Figaro rapporte de son côté que « pour les partis de l’opposition nordiste, les tensions soudanaises ne peuvent se résoudre que dans le cadre d’une conférence globale, qui mettrait sur la table tous les problèmes et annulerait l’état d’urgence en vigueur depuis quinze ans ». Le temps dira qui a raison.
Lire aussi :
Le Sud Soudan vers l’autodétermination