Le gouvernement soudanais ne cache pas son exaspération face à la présence de la Mission de l’ONU au Darfour qu’il souhaite voir quitter cette région en proie aux conflits, le plus rapidement possible.
Depuis qu’elle a été déployée, en 2007, au Darfour, en proie à des conflits, dans le but de protéger les civils et d’assurer la sécurité des organisations humanitaires, la mission conjointe ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD) n’a jamais été vu d’un bon œil par les autorités soudanaises. Le gouvernement ne cache pas son agacement face à la présence des Casques bleu dans la région, voulant qu’ils la quittent au plus vite.
« Cela fait longtemps que le gouvernement soudanais, qui n’a jamais caché son hostilité à la présence de troupes étrangères sur son sol, teste la MINUAD et la capacité de ses promoteurs (les Nations-Unies et l’Union Africaine) à la défendre », explique à l’AFP Jérôme Tubiana, expert à l’International Crisis Group. Mais l’hostilité du gouvernement face à la MINUAD s’est accrue lorsque cette dernière a décidé d’enquêter sur des allégations de viol collectif commis par les troupes soudanaises dans le village de Tabit. Le Président soudanais Omar el-Béchir avait d’ailleurs même accusé la MINUAD d’être un « fardeau » et de servir de « protection pour les rebelles ». Et le ministère des Affaires étrangères avait accusé les Casques bleus d’exactions et de viols.
Et selon l’expert de Crisis group, comme ni les Nations Unies ni l’Union Africaine ne se précipitent pour défendre la mission, « il n’y a rien qui empêche Khartoum de pousser davantage, en allant jusqu’à envisager, comme aujourd’hui, l’expulsion de la MINUAD ». Le porte-parole du ministère, Youssef al-Kordofani, a confirmé que la volonté de voir la MINUAD partir était ancienne, ajoutant que son gouvernement était « très mécontent de son travail ». Selon lui, ses membres ont commis des exactions, et ont « parfois fourni de l’aide aux groupes rebelles », sans plus de précision. L’armée soudanais est tout à fait à même de protéger les civils au Darfour.
Sauf que la MINUAD est chargée avant tout de protéger les civils et non de combattre la rébellion. Certains craignent que la situation de la MINUAD soit de plus en difficile, car elle dépend du gouvernement pour recevoir des équipements, ainsi que pour les procédures de visas pour son personnel, qui souffrent déjà de délais, selon cette source qui s’est confiée à l’AFP. En effet, si une expulsion pure et simple reste peu probable, le gouvernement pourrait s’employer à rendre la vie de la MINUAD plus difficile. De leur côté, les ONG et civils sont préoccupés par ce bras de fer entre Khartoum et la MINUAD, affirmant que si la Mission ne peut plus assurer leur sécurité, la situation serait invivable.
Déjà que même avec la présence des Casques bleus, ils ne sont pas totalement à l’abri du danger, donc quelle serait la situation sans eux ? D’autant que depuis la révolte, en 2003, des rebelles contre le pouvoir central et les élites arabes, les violences au Darfour ont fait au moins 300 000 morts, selon l’ONU.