L’opposant soudanais Sadek al-Mahdi a été libéré dimanche après un mois de détention. Plusieurs personnalités tentent désormais de rétablir le dialogue entre lui et le Président el-Béchir.
Le leader de l’opposition soudanaise, Sadek al-Mahdi, a été libéré dimanche après un mois de détention, rapporte l’AFP, ce mardi. Il avait été arrêté, le 17 mai, par le Service national de renseignement et de sécurité (NISS) après avoir accusé une unité paramilitaire, la Rapid Support Forces (RSF), d’exactions au Darfour, à l’ouest du pays. Près de 200 militants s’étaient regroupés au siège du parti d’opposition Oumma à Ondurman, la ville jumelle de Khartoum, pour accueillir un al-Mahdi tout souriant.
Plusieurs personnalités soudanaises, dont l’ancien candidat à la Présidentielle, Kamal Idriss, s’activent désormais pour rétablir le dialogue entre cet opposant et le Président Omar el-Béchir. Mais la tâche s’annonce difficile, car d’autres opposants sont toujours emprisonnés, dont Ibrahim el-Cheikh, chef du parti du Congrès soudanais, arrêté le 8 juin pour avoir lui aussi critiqué les RSF.
Oumma en réflexion
Sous le coup d’une enquête pour des accusations de trahison, il risquait la peine de mort en cas de condamnation. Selon le ministre d’Etat à l’Information, Yassir Youssef, qui avait annoncé sa libération dimanche, al-Mahdi a été libéré après que ses avocats aient fait appel au ministère de la Justice, demandant à retirer ou suspendre les charges. De plus, le parti Oumma avait menacé de quitter le « dialogue national » engagé en janvier par le Président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 25 ans, pour répondre aux appels urgents aux changements dans son régime.
Le parti Oumma n’a, à ce jour, pas précisé si il réintégrerait ou non le dialogue. Il a ajouté qu’il s’entretiendrait avec un groupe de Soudanais le soutenant dans la critique des RSF et se prononcerait ensuite « sur ce que nous avons l’intention de faire ».
Une presse muselée
Cette arrestation n’avait pas fait grand bruit, étant donné l’interdiction qu’avait lancée le gouvernement à la presse d’évoquer l’affaire . Reporters sans frontières (RSF) a d’ailleurs assuré que « les autorités (…) suivent une ligne de plus en plus autoritaire envers les médias ».
Pour rappel, Sadek al-Mahdi était Premier ministre lorsque le Président el-Béchir a mené son coup d’Etat en 1989. Il est aussi un chef religieux, à la tête de la secte Al-Ansar, une branche religieuse du parti Oumma. D’ailleurs, de nombreux Soudanais se montrent sceptiques quant aux intentions de cet opposant, d’autant plus qu’un de ses fils est conseiller auprès du dirigeant soudanais et un autre membre des NISS, les services secrets soudanais.