Soudan : le choléra frappe un pays déjà à genoux


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Bactéries du choléra
Choléra (illustration)

Dans l’État du Nil Blanc au Soudan, le choléra fait des ravages : 83 morts et 1 200 cas en trois jours. Cette épidémie, qui survient dans un pays dévasté par la guerre civile depuis avril 2023, menace de s’étendre rapidement faute d’infrastructures médicales fonctionnelles. Plus de 12 millions de déplacés et 80% des hôpitaux fermés : le terrain est propice à une catastrophe sanitaire majeure.

Une épidémie galopante dans un système de santé effondré

Au Soudan, le fléau du choléra refait surface avec une violence inédite. En seulement 72 heures, l’État du Nil Blanc a enregistré 83 décès et près de 1 200 cas d’infection, selon des organisations non gouvernementales locales. Cette infection bactérienne, causée par le vibrion cholérique (Vibrio cholerae), se manifeste par une diarrhée brutale et des vomissements intenses. Sans une réhydratation rapide et adaptée, elle peut être fatale en moins de 24 heures, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 50%.

Cette épidémie survient dans un contexte déjà dramatique. La guerre qui oppose l’armée régulière aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023 a plongé le pays dans une terrible crise humanitaire. Le conflit a non seulement déplacé plus de 12 millions de personnes, mais il a aussi détruit les infrastructures sanitaires. Aujourd’hui, 80 % des établissements médicaux sont fermés dans les zones touchées, privant des millions de Soudanais de soins.

L’eau contaminée, vecteur mortel du cholera dans un pays en guerre

Le déclenchement de cette nouvelle vague mortelle de choléra coïncide avec l’attaque d’une centrale électrique à Umm Dabakir, survenue le 16 février. Cette attaque a paralysé l’approvisionnement en eau potable des grandes villes environnantes. Privée d’adduction, la population a été contrainte de puiser directement dans le Nil Blanc, une eau souvent contaminée par des matières fécales porteuses du vibrion cholérique.

Sur le terrain, Médecins Sans Frontières (MSF) décrit une situation « alarmante et sur le point de devenir incontrôlable« . « Nous manquons d’espace et nous admettons maintenant les patients dans une zone ouverte. Ils sont traités à même le sol faute de lits disponibles« , alerte Francis Layoo Ocan, coordinateur médical de MSF à Kosti. Les équipes médicales luttent pour administrer des solutions de réhydratation par voie orale ou intraveineuse, seul traitement efficace contre la déshydratation massive causée par la maladie.

Face à la catastrophe, les autorités soudanaises tentent d’interdire la collecte d’eau dans le fleuve, d’augmenter la chloration du réseau de distribution et demande la fermeture des marchés et des restaurants. Une campagne de vaccination ciblant les habitants de Kosti et Rabak a été lancée, mais les stocks de vaccins anticholériques restent dramatiquement insuffisants.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) tire la sonnette d’alarme : plus de 6 500 familles ont fui la région d’Al-Qutaina en deux jours, risquant de propager l’épidémie vers d’autres régions. Cette crise sanitaire pourrait devenir l’une des plus meurtrières de l’histoire récente du Soudan.

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