Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé sa « profonde préoccupation » face à l’attaque menée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contre la ville d’El Fasher, capitale de l’État du Darfour du Nord, au Soudan. Dans une déclaration officielle, son porte-parole Stéphane Dujarric a appelé le lieutenant général Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo, leader des FSR, à mettre un terme à l’offensive.
António Guterres a souligné que l’escalade des hostilités pourrait propager le conflit à l’ensemble du Darfour, ravivant des tensions intercommunautaires déjà explosives. Alors que les appels au cessez-le-feu sont restés sans réponse, le Secrétaire général de l’ONU a réitéré l’urgence d’une cessation immédiate des combats, notamment pour éviter de nouvelles souffrances aux civils déjà pris au piège de la violence.
Un conflit dévastateur et une crise humanitaire qui s’aggrave
Le Soudan est embourbé dans un conflit destructeur, depuis avril 2023, opposant les Forces armées soudanaises, sous la direction du général Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR, dirigées par Hemedti, son ancien vice-président. Cette guerre fratricide a déjà coûté la vie à plus de 12 000 personnes, blessé plus de 33 000 autres et contraint 6,8 millions de Soudanais à fuir leur domicile. Des chiffres alarmants qui témoignent de l’ampleur de la crise humanitaire qui continue de s’aggraver.
Face à cette situation critique, António Guterres a rappelé que les belligérants ont des obligations en vertu du droit international humanitaire. Notamment celle de protéger les civils et les infrastructures. Il a également mis en avant les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU, Ramtane Lamamra, dans la promotion de la paix, tout en exhortant les parties prenantes à rechercher activement une résolution pacifique du conflit.
Aux origines d’un chaos prolongé au Soudan
Le Soudan, déjà fragilisé par des décennies de guerre civile, de divisions ethniques et de troubles politiques, a vu sa situation se détériorer rapidement à la suite du coup d’État militaire de 2021. Ce coup d’État a mis fin à une transition démocratique fragile. Ce qui a plongé le pays dans une nouvelle phase de violence. Les affrontements entre l’armée régulière et les paramilitaires des FSR ont conduit à une rupture complète de l’ordre institutionnel.
La conséquence est immédiate : la situation humanitaire déjà critique se trouve exacerbée. Alors que plusieurs cessez-le-feu, négociés notamment par l’Arabie Saoudite et les États-Unis, ont échoué, l’ONU et les acteurs internationaux continuent de plaider pour une cessation des hostilités. Cependant, la méfiance mutuelle entre les différentes factions et l’absence de volonté politique claire ont entravé toute progression vers une paix durable.
Le soutien international et la leçon d’Haïti
La communauté internationale tente de répondre à cette crise au Soudan de la même manière qu’en Haïti, où un déploiement de forces kényanes a été décidé pour restaurer l’ordre. En Haïti, le chaos provoqué par les gangs et l’effondrement de l’État a nécessité l’intervention des policiers kényans, un geste largement soutenu par la communauté internationale. Cependant, cette mission n’a pas échappé à la controverse. Certains voyant dans cette intervention une tentative de contrôle étranger, plutôt qu’une véritable aide pour reconstruire le pays.