Le Soudan du Sud s’enfonce dans un black-out numérique depuis la suspension des réseaux sociaux mercredi dernier, une décision controversée justifiée par les autorités pour contenir la violence en ligne.
Depuis mercredi, le Soudan du Sud est plongé dans un silence numérique imposé. L’Autorité nationale des communications a ordonné la suspension des réseaux sociaux pour une période initiale de 30 jours, une décision qui a immédiatement entraîné un retentissement national et international. Cette mesure drastique intervient dans un contexte tendu, marqué par des violences meurtrières et des soupçons d’ingérence étrangère.
La violence exposée sur les réseaux sociaux
Selon les autorités, la suspension des réseaux sociaux est une réponse à la diffusion massive de contenus violents en ligne. Des vidéos montrant des Sud-Soudanais tués en territoire soudanais ont fait le tour de plateformes comme Facebook et TikTok, provoquant une vague de colère et des émeutes à Djouba et dans d’autres régions. Ces violences, qui visaient principalement des biens appartenant à des ressortissants soudanais, sont perçues comme une réaction aux accusations portées contre l’armée soudanaise, suspectée d’avoir orchestré des assassinats dans la province sud-soudanaise d’El Gezira.
Dans une lettre envoyée aux fournisseurs d’accès internet, l’Autorité nationale des communications a justifié cette décision en évoquant « des degrés sans précédent de violence extrême » exposés sur les réseaux sociaux, une situation jugée intenable dans un pays encore marqué par des années de guerre civile.
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Une décision communiquée par les défenseurs des droits civiques.
La suspension n’a pas tardé à susciter l’indignation des organisations de la société civile et des militants. Edmund Yakani, président de la CEPO, a déclaré cette mesure comme étant excessive. Il aurait préféré que le gouvernement cible les comptes incitant à la haine plutôt que d’imposer un blocage total.
La Coalition du peuple pour l’Action civique a quant à elle fustigé une tentative « d’étouffer les voix des citoyens » et de museler toute forme de dissidence. Selon cette coalition, cette décision s’inscrit dans une tendance plus large d’autoritarisme, illustrée par des menaces récentes du parti au pouvoir de fermer toutes les plateformes en réponse aux critiques virulentes diffusées en ligne.
Si le gouvernement affirme que cette mesure est temporaire et qu’elle pourrait être levée une fois la situation maîtrisée, les critiques soulignent les risques pour les libertés fondamentales. Pour beaucoup, cette suspension rappelle les méthodes d’un État cherchant à consolider son contrôle sur l’information et à limiter les contestations.