
Au Soudan du Sud, le SPLM-IO, le principal parti d’opposition, traverse une grave crise après l’éviction contestée de Riek Machar, premier vice-président du pays. Un groupe dissident l’a remplacé par Stephen Par Kuol, intensifiant les divisions internes. Cette décision pourrait remettre en cause l’accord de paix de 2018 et fragiliser davantage le gouvernement d’unité nationale.
Le principal parti d’opposition du Soudan du Sud, le Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (MPLS-IO), franchit une crise après que des membres d’un groupe dissident ont remplacé le premier vice-président Riek Machar, assigné à résidence, à la tête du parti
Stephen Par Kuol a été nommé président par intérim suite à cette décision controversée prise lors d’une réunion à Juba mercredi, largement boycottée par les hauts responsables du parti. Le groupe a également nommé l’ancien ministre des Affaires étrangères, Lasuba Wango, Vice-président par intérim et Agok Makur, secrétaire général par intérim. Angelina Teny, figure clé du SPLM-IO et ministre de l’Intérieur, ainsi que Regina Joseph Kaba, secrétaire générale du parti, brillaient par leur absence.
Suspension immédiate de l’adjoint de Machar
Leur absence a souligné la division interne grandissante, les fidèles dénonçant la réunion comme illégitime et politiquement motivée. Dans son discours après l’annonce, Par a annoncé la suspension immédiate de l’adjoint de Machar, Oyet Nathaniel Pierino, actuellement en exil. « Une personne qui a fui ne peut pas gérer les affaires du mouvement depuis Facebook », a déclaré Par, insistant sur le fait que le siège du SPLM-IO devait rester à Juba, et non en ligne.
Cette « éviction » est l’aboutissement de tensions internes au sein du parti, Machar étant mis à l’écart en raison de ses restrictions de mouvement, dans le cadre de ce que beaucoup qualifient d’assignation à résidence à motivation politique. Plus tôt cette semaine, Oyet a publié une déclaration suspendant Par et d’autres personnes pour collusion présumée avec le gouvernement du Président Salva Kiir en vue de destituer le Dr Machar.
Bouleversement du fragile partage du pouvoir
Les observateurs préviennent qu’il pourrait s’agir de la scission la plus grave au sein du SPLM-IO depuis sa formation en 2013, survenant à un moment critique, alors que l’accord de paix de 2018 est quasiment mort. Les Sud-Soudanais s’attendent à un nouveau remaniement au sein du gouvernement iranien d’unité nationale, nom du gouvernement de coalition, avec notamment la nomination officielle de Stephen Par au poste de premier vice-président, poste actuellement occupé par Riek Machar.
Si cette décision se confirmait, elle bouleverserait le fragile partage du pouvoir établi dans le cadre de l’accord de paix de 2018, qui a donné naissance à la coalition incluant le SPLM-IO, et plongerait le pays dans une crise politique plus profonde. Selon les observateurs, remplacer Machar sans consensus rendrait caduc l’accord de paix revitalisé, ce qui ferait craindre une nouvelle instabilité dans la plus jeune nation du monde.