Soudan du Sud : Riek Machar en résidence surveillée, l’ONU redoute un nouveau conflit


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Riek Machar et Salva Kiir
Salva Kiir (à droite) et Riek Machar (à gauche)

Le 26 mars 2025, le Soudan du Sud a connu une escalade alarmante avec l’arrestation du premier vice-président Riek Machar, un événement qui ravive les tensions politiques et menace de replonger le pays dans une guerre civile dévastatrice.

Placé en résidence surveillée par les forces de sécurité, Machar, qui a été une figure centrale dans le conflit entre lui et le président Salva Kiir, voit son arrestation comme un coup fatal à l’accord de paix fragile signé en 2018. Cette détention suscite une vive inquiétude au sein de la communauté internationale, notamment l’ONU, qui craint un retour à un conflit généralisé.

Les causes profondes de la crise actuelle

Le Soudan du Sud, depuis son indépendance en 2011, a été en proie à des conflits internes, principalement entre les partisans du président Kiir et ceux de son ancien vice-président Machar. La guerre civile qui a éclaté en 2013 a causé la mort de près de 400 000 personnes et fait des millions de déplacés. Bien que l’accord de paix de 2018 ait apporté une accalmie temporaire, la situation reste instable. La crise actuelle trouve ses racines dans les tensions politiques croissantes et l’influence contestée entre les deux leaders. Les arrestations récentes des alliés de Machar, ainsi que l’attaque de centres d’entraînement militaires, ont exacerbé la situation.

L’arrestation de Riek Machar : une menace pour l’accord de paix

La situation a pris une tournure critique lorsque, le 26 mars, un convoi de véhicules militaires a pénétré de force dans la résidence de Riek Machar à Juba, la capitale du pays. Cette arrestation intervient après des tirs d’artillerie à proximité, ce qui ajoute de l’incertitude à un climat déjà tendu. Le gouvernement de Kiir accuse les partisans de Machar d’avoir orchestré des violences dans la région du Haut-Nil, mais pour le camp de Machar, cela constitue une violation flagrante de l’accord de paix de 2018. Le porte-parole du parti SPLM-IO de Machar a dénoncé ces actions comme étant « inconstitutionnelles » et a demandé l’intervention de la communauté internationale pour garantir la sécurité de son leader.

L’ONU et la communauté internationale face à la menace de guerre

L’ONU, par le biais de son représentant au Soudan du Sud, Nicholas Haysom, a exprimé de vives inquiétudes concernant l’avenir du pays. L’ONU redoute que cette escalade ne mène à une nouvelle guerre civile qui déstabiliserait non seulement le Soudan du Sud, mais également toute la région de l’Afrique de l’Est. L’organisation a appelé les dirigeants du pays à éviter toute action unilatérale qui pourrait mettre en péril l’accord de paix. En parallèle, des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Norvège ont réduit leur présence diplomatique et signalé leur préoccupation face à la dégradation de la situation.

Les répercussions d’une possible reprise des hostilités

Le retour à la guerre civile représenterait une tragédie non seulement pour les millions de Sud-Soudanais qui ont déjà souffert des horreurs du conflit, mais aussi pour la stabilité régionale. L’accord de paix de 2018 avait permis une relative réconciliation, mais il reste fragile et vulnérable aux provocations politiques et militaires. Le principal enjeu demeure la réussite de l’intégration des forces militaires opposées dans une armée nationale unifiée, un processus clé de l’accord de paix.

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