Barack Obama a ordonné le déploiement de soldats américains au Soudan du Sud afin de veiller à la sécurité des ressortissants américains. Il affirme que le pays est « au bord du précipice », suite aux combats entre deux bandes factices de l’armée qui soutiennent respectivement le Président Salva Kiir et son rival Riek Machar qui appelle à son renversement.
Le Soudan du Sud, plus jeune Etat au monde, né en juillet 2011, est « au bord du précipice », selon le Président Barack Obama. Le dirigeant américain craint l’éclatement d’une guerre civile. Ce dernier a ordonné mercredi le déploiement de 45 soldats américains dans le pays afin de veiller à la sécurité de ses ressortissants. Une décision prise après l’attaque jeudi d’une base de l’ONU au Soudan du Sud où trois Casques bleus ont été tués.
Par ailleurs, Washington a suspendu les activités de son ambassade et a évacué jeudi 130 personnes après avoir fait de même la veille pour plus de 150 personnes. Une délégation de plusieurs ministres d’Afrique de l’Est a été envoyée par l’Union africaine dans le cadre de l’ouverture d’une médiation entre le Président en place, Salva Kiir, et son rival, le vice-Président Riek Machar, limogé en juillet dernier. Mais la tâche s’annonce difficile. Riek Machar, auteur présumé du coup d’Etat manqué contre le Président Salva Kiir, exige le départ du dirigeant. Dans une interview accordée ce jeudi à RFI, Riek Machar a rejeté la proposition de négociation de Salva Kiir.
Un premier premier bilan désastreux
Les hostilités entre les deux hommes avaient émergé en juillet 2013, mais ce n’est que depuis dimanche 15 décembre que des combats ont éclaté entre deux factions rivales de l’armée : les forces fidèles au Président Salva Kiir et celles loyales à Riek Machar. Depuis le présumé « coup d’Etat » manqué de lundi, Riek Machar est en « fuite ». Mais le rival de Kiir semble se diriger vers une position favorable, puisqu’il a le soutien d’une partie de l’armée et a rallié l’ancien chef de guerre, Peter Gadet.
Ces violences auraient fait plus de 500 morts, dont près de 73 militaires selon les derniers chiffres, plus de 800 blessés, et près de 10 000 déplacés. Le bilan pourrait être encore plus lourd puisque les combats se sont propagés dans au moins cinq Etat sur les dix que compte le pays.
« Les récents combats menacent de faire plonger à nouveau le Soudan du Sud dans ses jours les plus noirs du passé », juge le Président américain dans un communiqué, appelant à la fin immédiate des « combats pour régler des comptes politiques et pour déstabiliser le gouvernement ».
Risque de guerre civile, des soldats déployés
L’Ouganda a déployé des soldats au Soudan du Sud en réponse à une demande de l’administration Kiir, afin de ramener la paix dans la capitale Djouba en proie à des troubles, rapporte le quotidien gouvernemental soudanais New Vision. Le journal précise qu’un premier détachement de forces spéciales ougandaises a contribué à assurer la sécurité de l’aéroport et aidé à l’évacuation de ressortissants ougandais de Djouba après des affrontements entre unités rivales de l’armée sud-soudanaise.
Le risque de conflit ethnique est « extrêmement élevé », estime le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay qui s’est dite « profondément inquiète pour la sécurité des civils ». Le scénario d’une guerre civile « apparaît désormais terriblement possible », a estimé l’International Crisis Group (ICG). Human Rights Watch a également accusé les belligérants d’avoir commis des meurtres sur des critères ethniques, à Djouba et à Bor. Salva Kiir est de l’ethnie Dinka, tandis que Riek Machar est un Nuer.
Riek Machar stagne sur sa position. Il appelle au renversement de Salva Kiir et accepte de négocier que les conditions de départ du Président.