Soudan du Sud : les premières élections encore repoussées à fin 2026


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Drapeau du Soudan du Sud
Drapeau du Soudan du Sud

Le Soudan du Sud reporte une fois de plus ses premières élections, désormais prévues pour fin 2026, ravivant les doutes sur la transition politique du pays.

Le Soudan du Sud, plus jeune pays du monde, voit encore une fois ses premières élections reportées. Initialement prévues pour décembre 2024, elles ne se tiendront finalement qu’en décembre 2026. Ce report, annoncé le 13 septembre 2024, soulève de nombreuses questions sur la viabilité de la transition politique sud-soudanaise. Pourquoi ce nouveau délai ? Est-ce un besoin légitime ou une manœuvre politique ? Décryptage.

Un report justifié par des enjeux critiques

Lors d’une réunion entre le président Salva Kiir et ses cinq vice-présidents, il a été décidé de prolonger de deux ans la période de transition, repoussant ainsi le scrutin à fin 2026. Ce choix est motivé par la nécessité de finaliser plusieurs « tâches critiques » de l’accord de paix de 2018. Cet accord, signé pour mettre fin à une guerre civile dévastatrice, prévoyait la rédaction d’une Constitution permanente et l’unification des forces armées, deux projets qui demeurent inachevés.

Selon Martin Elia Lomuro, ministre des Affaires du cabinet, ce report est le fruit des recommandations des institutions électorales et des forces de sécurité. Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité et accroît la méfiance envers le gouvernement en place.

Une paix fragile et un processus électoral bloqué

Le rapport de la commission chargée de superviser l’accord de paix est sans équivoque : les conditions pour organiser des élections libres et transparentes ne sont pas réunies. Outre l’absence de Constitution et l’inopérance des forces armées, les finances destinées à organiser les élections manquent cruellement. Ces obstacles, bien que réels, ne convainquent pas tout le monde.

La troïka internationale (Royaume-Uni, Norvège, États-Unis) appelle régulièrement à des actions concrètes pour permettre aux Sud-Soudanais d’élire enfin leurs dirigeants. Pourtant, les avancées sont lentes, et les querelles politiques internes continuent de paralyser le processus électoral.

Un climat de méfiance grandissante

L’annonce de ce report a provoqué une vague de scepticisme au sein de la population. De nombreux internautes accusent le gouvernement de Salva Kiir de chercher à prolonger son règne sans légitimité électorale. Le président, jamais élu, fait face à une défiance croissante, certains estimant même que ce report n’est qu’un prélude à d’autres reports successifs. « Je parie que dans deux ans, on repoussera encore les élections », écrit un citoyen désabusé sur les réseaux sociaux.

Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud peine à sortir du cycle infernal de la guerre civile, des luttes de pouvoir et de la pauvreté extrême. Le pays, majoritairement dépendant du pétrole, a vu sa principale source de revenus touchée par le conflit au Soudan voisin, aggravant une crise économique déjà profonde. Les tensions ethniques, les violences communautaires et les calamités climatiques (sécheresses, inondations) plongent encore neuf millions de Sud-Soudanais dans une situation d’aide humanitaire critique.

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