Depuis plusieurs semaines, le Soudan du Sud fait face à une crise humanitaire croissante, exacerbée par l’afflux massif de réfugiés en provenance du Soudan. Ce phénomène, qui a pris de l’ampleur en décembre 2024, a mis à rude épreuve les infrastructures d’accueil du pays, déjà fragilisées. Selon Médecins sans frontières (MSF), cette situation a contribué à une aggravation de l’épidémie de choléra déclarée fin octobre. L’ONG appelle à une intervention urgente pour éviter une catastrophe sanitaire.
Un afflux massif de réfugiés soudanais
Le 20 décembre, le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) alertait déjà sur l’intensification des arrivées au Soudan du Sud. En seulement quelques semaines, plus de 5 000 personnes traversaient quotidiennement la frontière, fuyant les violences au Soudan, en particulier dans les États du Nil Blanc, de Sennar et du Nil Bleu. Cette situation a été exacerbée par les combats incessants entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles soudanais, menaçant encore plus la vie des civils. En tout, près de 80 000 personnes ont franchi la frontière en moins de trois semaines, majoritairement des femmes et des enfants.
Les deux centres de transit situés à Renk, au sud du pays, sont désormais complètement saturés. Initialement conçus pour accueillir 8 000 personnes, ces centres hébergent aujourd’hui plus de 17 000 réfugiés. La situation est particulièrement critique, avec des milliers de déplacés contraints de dormir à l’extérieur, dans des conditions insalubres. L’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux soins médicaux reste très limité, aggravant encore la souffrance des réfugiés.
Une épidémie de choléra en pleine expansion
L’un des effets immédiats de cette situation chaotique est la recrudescence des cas de choléra. En octobre, une épidémie avait été déclarée dans le pays, mais la crise sanitaire s’est rapidement accélérée avec l’arrivée des réfugiés. Les conditions de vie dans les camps, où les déchets s’accumulent et les latrines débordent, sont idéales pour la propagation de cette maladie d’origine hydrique.
Médecins sans frontières (MSF) fait état d’une « augmentation alarmante » des cas de choléra, notamment dans les États d’Unity et d’Équatoria central. Dans l’État d’Unity, 92 personnes ont perdu la vie à cause de l’épidémie, et 25 autres ont succombé dans les camps près de Juba. L’ONG souligne que l’eau potable dans ces régions est contaminée et que de nombreux patients arrivent dans des états de santé très graves, certains aux portes de la mort.
Mamman Mustapha, chef de mission de MSF au Soudan du Sud, dénonce la situation : « L’eau est contaminée et les patients arrivent dans nos centres dans un état critique. Beaucoup sont déjà aux portes de la mort. » Il appelle à une réponse immédiate et insiste sur le fait que si aucune mesure n’est prise rapidement, le nombre de cas continuera d’exploser dans les jours et les semaines à venir.
Un contexte déjà marqué par les tensions au Soudan
L’épidémie de choléra n’est pas le seul défi auquel le Soudan du Sud fait face. Le pays subit également les conséquences du conflit toujours en cours entre les forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires qui luttent pour le contrôle du pays. Depuis avril 2023, ce conflit a causé des milliers de morts et des millions de déplacés, fragilisant encore plus une région déjà dévastée par la guerre et la pauvreté.
Les combats entre l’armée soudanaise et les FSR ont aggravé la situation au Soudan du Sud, car le pays partage une longue frontière avec le Soudan. L’instabilité politique et militaire au Soudan a conduit à un exode massif de réfugiés, cherchant à fuir les violences, la famine et les destructions dans leur pays. En réponse, les autorités du Soudan du Sud, déjà confrontées à des défis internes majeurs, ont du mal à gérer ce flux croissant de réfugiés et à garantir leurs droits fondamentaux, y compris l’accès à des conditions de vie décentes et à des soins de santé.
Une crise humanitaire qui se joue à plusieurs niveaux
Face à cette situation, les organisations humanitaires, telles que MSF et le HCR, appellent à un soutien accru de la communauté internationale. Le Soudan du Sud, l’un des pays les plus pauvres du monde, ne dispose pas des ressources nécessaires pour faire face à cette double crise sanitaire et humanitaire. En attendant, les milliers de réfugiés soudanais, pris entre le marteau de la guerre et l’enclume de l’épidémie de choléra, continuent de vivre dans des conditions dramatiques, avec peu d’espoir d’amélioration à court terme.