
Douze ans après le début de la guerre civile, le Soudan du Sud reste enlisé dans une instabilité chronique. Si l’accord de paix signé en 2018 avait ravivé un mince espoir de normalisation, la résurgence des violences et les tensions politiques grandissantes replongent le pays dans une crise profonde.
Face à cette situation alarmante, les Nations Unies renforcent leur présence sur le terrain, espérant contenir les flambées de violence et protéger les civils les plus vulnérables.
Une paix fragile constamment menacée
À Juba, la capitale du Soudan du Sud, des milliers de personnes vivent encore dans des camps de déplacés, incapables de regagner leurs foyers depuis la guerre civile de 2013. Malgré un accord de paix signé en 2018 et une transition fragile entamée en 2020, les perspectives de stabilité s’éloignent à nouveau. L’arrestation de Riek Machar, premier vice-président et figure clé de l’accord de paix, ainsi que l’incarcération de ses proches, a ravivé les tensions. Accusé de fomenter une rébellion – accusation que son camp rejette – Machar cristallise aujourd’hui l’inquiétude d’une population déjà éprouvée.
Des déplacements massifs et une urgence sanitaire grandissante
Depuis février, la violence s’est intensifiée dans le nord-est du pays. Elle a poussé près de 50 000 personnes à fuir leurs foyers, dont 10 000 ont déjà traversé la frontière éthiopienne. Cette instabilité affecte non seulement la sécurité mais aussi la santé publique. À Nasir, un centre de traitement du choléra a dû fermer ses portes, alors même qu’une épidémie se propage rapidement. L’exode des humanitaires, contraints de quitter certaines zones, complique encore davantage la situation sur le terrain.
Sécurité, diplomatie et aide humanitaire : un contexte sous haute tension
Face à cette dégradation, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS) a intensifié ses patrouilles, notamment autour des camps de déplacés. L’objectif est clair : rassurer les communautés et dissuader d’éventuels affrontements. Parallèlement, les efforts diplomatiques se multiplient pour ramener les parties prenantes autour de la table des négociations et préserver l’accord de paix.
Alors que plus des deux tiers de la population dépendent de l’aide humanitaire, l’alerte est aussi lancée par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Selon l’organisation, les tensions politiques compromettent gravement la capacité à fournir des services essentiels. Le sort des femmes et des jeunes filles, souvent premières victimes des conflits, est particulièrement préoccupant. Sur les 9,3 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire, 2,4 millions sont des femmes en âge de procréer, vivant dans des conditions précaires.
L’appel de la dernière chance
L’ONU exhorte les dirigeants sud-soudanais à privilégier la paix et à garantir un accès humanitaire sans entrave. Elle appelle aussi la communauté internationale à intensifier son soutien, alors que les ressources se font rares. Entre les promesses de paix bafouées et l’urgence humanitaire croissante, le Soudan du Sud semble au bord d’un nouveau précipice. Reste à savoir si l’action conjointe des acteurs locaux et internationaux pourra empêcher une rechute dramatique.