Soudan du Sud : cette odeur des corps en putréfaction dans Bor !


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Une partie des cadavres ont été entassés dans des tombes vides. D’autres gisent toujours dans les rues. Le linceul en plastique blanc les dissimule à la vue, mais ne parvient pas retenir l’odeur fétide qu’ils dégagent après plusieurs jours ou semaines d’exposition dans une chaleur écrasante. Les piétons passent vite, retenant leur souffle. Tel est le décor à Bor, au Soudan du Sud.

Une odeur de corps en putréfaction et des détritus épars dont des vagues successives de pillards n’ont pas voulu : voilà tout ce qui reste de Bor, ville poussiéreuse qui a changé quatre fois de mains au cours du conflit au Soudan du Sud.

« Mon fils essayait aussi de courir mais, on lui a tiré dans le dos »

Ce témoignage du reporter de l’AFP en dit long sur les atrocités récentes au Soudan du Sud, notamment dans la ville de Bor. « Mon fils a été tué quand les ennemis sont venus attaquer les gens. Mon frère s’est sauvé en courant avec sa famille et mon fils essayait aussi de courir mais (…) on lui a tiré dans le dos », raconte Majuer Garang. L’AFP indique que les corps des habitants sont restés là où ils sont tombés, sur d’étroits chemins ou chez eux, recroquevillés sous leur lit.

Une partie des cadavres ont été entassés dans des tombes vides. D’autres gisent toujours dans les rues. Le linceul en plastique blanc, désormais couvert d’une épaisse couche de poussière jaune, qui couvre certains d’entre eux, les dissimule à la vue, mais ne parvient pas retenir l’odeur fétide qu’ils dégagent après plusieurs jours ou semaines d’exposition dans une chaleur écrasante. Les piétons passent vite, retenant leur souffle.
« Autour de moi, les gens criaient, pleuraient, étaient abattus »

De l’autre côté de la ville se dresse l’église épiscopale St Andrews, où quarante personnes ont été massacrées. Un immeuble adjacent, incendié, s’est partiellement effondré. Ici, la seule survivante est une vieille dame aveugle, Deborah Agot Deng. « Je suis aveugle mais j’entendais beaucoup d’armes, et autour de moi, les gens criaient, pleuraient, étaient abattus. Je pense que Dieu m’a sauvée », raconte-t-elle. Elle a dû se cacher pendant trois semaines dans les bâtiments de l’église, de peur que les rebelles ne reviennent la tuer, jusqu’à ce que la ville soit reprise par les forces régulières le 18 janvier.

Vers le centre ville, une femme, pieds nus, traverse en toute hâte la rue principale, une table sur la tête. Les habitants ont commencé progressivement à revenir en ville, pour quelques heures, juste pour voir s’il peuvent sauver des biens laissés par les pillards.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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