Soudan : des centaines de réfugiés au Caire tentent de rejoindre Khartoum


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Des réfugiés
Des réfugiés

La situation de plus en plus tendue au Soudan pousse un nombre croissant de réfugiés à envisager un retour dans leur pays d’origine. Depuis avril 2023, des centaines de milliers de Soudanais ont trouvé refuge en Égypte, fuyant la guerre qui déchire leur pays. À mesure que l’armée soudanaise reprend le contrôle de plusieurs États centraux, de nombreux réfugiés, désireux de retrouver leur foyer, commencent leur voyage de retour.

Les Soudanais commencent à retourner au pays après la reprise en main de plusieurs États par l’armée régulière. Selon des informations de RFI, ils sont plus de 200 autobus qui ont récemment pris la route pour Khartoum, l’État d’Al-Jazeera et celui de Sinnar, alors que la frontière entre les deux pays devient un point de passage obligé, marqué par des longues attentes et des difficultés logistiques. L’armée soudanaise encourage activement ces retours, offrant diverses incitations pour faciliter le voyage de ceux qui souhaitent rentrer.

Des billets d’avion à moitié prix sont mis à disposition par la compagnie aérienne nationale soudanaise, et les enfants des martyrs de la guerre peuvent voyager gratuitement. Parallèlement, des organisations locales collaborent avec l’ambassade du Soudan au Caire pour organiser le transport et assurer que les réfugiés puissent regagner leur pays. Dans un élan de solidarité, de riches hommes d’affaires soudanais ont également proposé des fonds pour soutenir ce retour massif. Cependant, malgré ces mesures d’assistance, les conditions aux points de passage frontalier sont loin d’être idéales.

Des conditions difficiles à la frontière égyptienne

Les longues files d’attente à la frontière, en particulier du côté égyptien, témoignent de la complexité et de la lenteur du processus. Mardi 8 avril 2025, une femme a tragiquement perdu la vie en attendant de pouvoir traverser le point de passage d’Arkine. Les images partagées sur les réseaux sociaux montrent une mer de bus en file indienne, les chauffeurs attendant leur tour pour franchir la frontière. Les bénévoles présents sur place distribuent de l’eau et de la nourriture aux familles fatiguées, qui doivent patienter pendant des heures, voire des jours, pour compléter les formalités administratives nécessaires.

Les autorités égyptiennes justifient ces retards par la nécessité de transporter les bus sur des bateaux pour traverser le Nil, un processus logistique qui, selon elles, prend beaucoup de temps. Cette explication n’atténue cependant pas la frustration croissante des réfugiés, qui se retrouvent coincés dans des conditions précaires, parfois sans aucune information sur la durée de l’attente.

Un retour onéreux pour les réfugiés soudanais

Outre les obstacles administratifs et logistiques, le retour au Soudan représente un coût important pour les réfugiés, notamment en ce qui concerne le transport de leurs effets personnels. Nombreux sont ceux qui souhaitent rapatrier des meubles, des appareils électroménagers et des objets de valeur laissés derrière eux en Égypte. Certains réfugiés, qui ont tout perdu lors des affrontements au Soudan, espèrent retrouver un peu de confort en rentrant avec des éléments essentiels, comme des réfrigérateurs ou des climatiseurs, alors que les températures au Soudan deviennent insupportables.

Cependant, les prix des services de déménagement ont augmenté de manière significative, rendant ce retour encore plus difficile pour ceux qui ne disposent pas de fonds suffisants. La crise économique générée par la guerre et la récession rendent cette opération coûteuse, et beaucoup de réfugiés se retrouvent dans l’incapacité de transporter tout ce qu’ils avaient l’intention de prendre avec eux. Le fardeau financier devient une source de stress supplémentaire dans une situation déjà complexe et douloureuse.

Contrôle de la quasi-totalité de la capitale par l’armée

Après plus de deux ans de guerre dévastatrice, les forces du général Abdel Fattah al-Burhan annoncent avoir reconquis le Palais présidentiel de Khartoum, jusque-là occupé par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Cette avancée marque une étape importante pour l’armée soudanaise, qui contrôle désormais la quasi-totalité de la capitale. Fort de cette victoire, al-Burhan rejette toute possibilité de négociation avec ses adversaires, les FSR, tout en proposant une amnistie pour les combattants prêts à déposer les armes.

Cependant, la guerre a plongé le pays dans une grave crise humanitaire. L’ONU rapporte que le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et forcé plus de 14 millions de personnes à fuir leurs foyers, aggravant la situation avec des infrastructures de santé et des approvisionnements alimentaires gravement perturbés. De plus, des accusations de crimes de guerre pèsent sur les deux camps, notamment contre les FSR, accusées de génocide dans certaines régions, ce qui alimente l’isolement international du Soudan.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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