Le site anglophone Darfur is dying permet de se glisser, au travers d’un jeu en ligne, dans le quotidien des Soudanais du Darfour qui vivent dans la crainte d’attaques des milices Janjawid. Humanitaires et militants,les auteurs de www.darfurisdying.com appellent les visiteurs à « agir maintenant » pour « mettre fin à la tuerie ».
Sauver virtuellement les déplacés du Darfour. Le jeu en ligne anglophone Darfur is dying sensibilise les internautes au conflit qui sévit dans la région ouest-soudanaise depuis février 2003. D’une part en délivrant des informations sur la crise, de l’autre en donnant accès à un jeu permettant aux visiteurs de se glisser quelques instants dans la peau d’un déplacé darfourien. Une initiative née de la collaboration entre la Fondation des droits humains de l’équipementier sportif Reebok, l’organisation de prévention et de résolution des conflits International crisis group et la chaîne télévisée MTV U.
Violations des droits humains
L’objectif est de mettre en lumière les violations des droits humains qui se déroulent dans le province du Darfour. Le site, lancé le 30 avril dernier, énumère les « massacres de masse, torture, viol, destruction de villages, vol », commis par les miliciens janjawid, qui bénéficieraient du soutien du gouvernement. Bilan des exactions : « Trois millions de personnes affectées par la crise, 400 000 morts des suites du conflit ou de maladie, 200 000 réfugiés au Tchad, 2,5 millions de civils déplacés par le conflit ».
Afin d’« immerger » l’internaute dans un camp de réfugiés, Darfur is dying propose d’incarner un des huit personnages qui doivent, entre autres, chercher de l’eau pour participer à la vie du camp et tenter de protéger les habitants des attaques. La parité est respectée : il y a le choix entre quatre héros de sexe féminin (Sittina, Elham, Poni et Abok) et quatre autres de sexe masculin (Rahman, Jaja, Mahdi et Deng).
Risques encourus en cas de capture
Muni d’un bidon jaune, le personnage, pied nu, doit accomplir sa mission en échappant aux prédateurs en armes qui circulent en jeep. Plus le décompte des mètres à parcourir baisse, plus le héros est sur la bonne voie. En cas de capture, les risques réellement encourus sur le terrain sont expliqués. Les femmes et fillettes sont exposées « au viol et à la maltraitance ». S’il s’agit d’hommes ou de garçons, il risque « la maltraitance (…) et peut-être la mort ». Une fois le bidon rempli le personnage courent (sauf Sittina, qui marche) en direction du camp.
La mission est de la plus haute importance. Elle donne notamment les moyens aux habitants du camp de faire pousser des légumes ou de fabriquer les briques nécessaires à l’édification de leur abri. Le but final de cette course contre la montre et la mort étant de permettre au camp de vivre « normalement » pendant une semaine.
Ecrire à George Bush et Kofi Annan
Le jeu se veut simple mais réaliste. Un effet qu’a peaufiné l’équipe conceptrice, qui a travaillé en étroite collaboration avec des personnels humanitaires. Certaines personnalités parrainent le jeu. A l’image du chanteur américain Kanye West. Ces « parrains virtuels » ont eux aussi une mission : parler à leur famille, leurs amis et autres proches de Darfur is Dying. Une forme de sensibilisation de proximité.
Pour sensibiliser au-delà de son cercle intime, le site propose à l’internaute diverses méthodes d’action. Comme envoyer un message au Président des Etats-Unis George W. Bush ou au secrétaire des Nations Unies Kofi Annan. Ou faire pression en faveur d’un déploiement d’une force de gardiens de la paix des Nations Unies (Onu), ce que le conseil de sécurité de l’Onu a voté mais que le Soudan a toujours refusé. Enfin, il est possible de faire un don ponctuel ou régulier. Car il faut « agir maintenant » pour « mettre fin à la tuerie », souligne le site. Qui encourage à agir selon ses moyens, puisqu’il n’y a pas de petites actions…
Visiter le site Darfur is dying