
Au moins 56 civils exécutés à Um Kadadah : le Darfour sombre à nouveau dans l’horreur. Les Forces de soutien rapide (RSF) poursuivent leur avancée sanglante, ciblant villes et camps de déplacés. La communauté internationale reste impuissante face à un conflit qui vire au cauchemar humanitaire.
Le Darfour replonge dans l’horreur. En deux jours d’attaques sanglantes, au moins 56 civils ont été exécutés à Um Kadadah, une ville stratégique du nord du Darfour. Selon des comités de résistance locaux et des militants sur place, les Forces de soutien rapide (RSF), en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023, seraient à l’origine de ce massacre. Alors que le conflit s’enlise, les populations civiles continuent de payer le prix fort dans une région où la violence ne faiblit pas.
Un Kadadah sous contrôle des RSF : exécutions ciblées après l’offensive
Les témoignages recueillis ce week-end dressent un tableau glaçant. Une fois la ville d’Um Kadadah tombée aux mains des paramilitaires des RSF, les exactions ont commencé. D’après le comité de résistance local, 56 personnes ont été sommairement exécutées après la prise de la ville. Ces violences, qualifiées de crimes de guerre par plusieurs organisations de défense des droits humains, s’inscrivent dans une série d’attaques coordonnées menées par les RSF dans le nord du Darfour.
Depuis plusieurs semaines, les forces paramilitaires cherchent à consolider leur emprise territoriale sur une région historiquement instable. La ville d’el-Fasher, dernier bastion de l’armée dans le Darfour, est elle aussi la cible d’intenses offensives.
Des camps de déplacés à nouveau pris pour cibles
En parallèle de l’attaque sur Um Kadadah, les RSF ont lancé une offensive meurtrière contre les camps de Zamzam et Abu Shouk, abritant plus de 700 000 déplacés internes. Les combats ont fait plus de 100 morts, dont des enfants et des travailleurs humanitaires. Ces sites, censés offrir un minimum de sécurité aux civils ayant fui les combats, deviennent eux aussi des théâtres d’atrocités.
L’exode se poursuit : plus de 2 400 personnes ont été contraintes de fuir à nouveau, dans des conditions précaires. Les organisations humanitaires peinent à suivre le rythme des besoins, alors que l’accès aux zones de conflit est de plus en plus restreint.
Une crise humanitaire sans précédent
Le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires contemporaines. En deux ans de guerre civile, plus de 24 000 personnes auraient été tuées, selon des estimations souvent en deçà de la réalité. Près de 25 millions de Soudanais vivent aujourd’hui dans une insécurité alimentaire critique, aggravée par les combats et l’effondrement des infrastructures.
Les camps de déplacés au Darfour figurent parmi les zones les plus affectées, selon les données du système IPC sur la faim. Alors que les RSF contrôlent une grande partie de l’ouest du pays, les perspectives de paix paraissent plus éloignées que jamais.
La reprise de Khartoum par l’armée fin mars avait laissé entrevoir une possible inversion du rapport de force, mais sur le terrain, les RSF maintiennent une puissance de feu redoutable. Leur capacité à frapper simultanément plusieurs zones clés, dont Um Kadadah et les camps de déplacés, démontre que l’équilibre militaire reste fragile.