Souaibou Koita est un jeune Malien, né à Kinshasa en RDC, diplômé de Sciences Economiques à l’Université de Toulouse. En 2008, à 23 ans, il lance Yassa Food, la première enseigne de restauration rapide africaine. Interview d’un entrepreneur pressé symbole d’une Afrique en développement.
Afrik : A 23 ans, vous avez créé yassa Food, votre première enseigne de fast-food, en 2008 à Toulouse. Quel est le constat qui vous a poussé à vous lancer ?
Souaibou Koita : J’étais étudiant en MS Entrepreneuriat à l’ESC Toulouse et, avant même de savoir quoi faire, dans ma tête il était clair que j’allai créer ma boite à la sortie du mastère. Je ne me voyais pas poursuivre une carrière dans les grandes entreprises comme la plupart de mes camarades. Pour valider ce diplôme, il me fallait faire un business plan théorique sur un projet fil rouge, et c’est en constatant les difficultés que je rencontrai quand je voulais manger africain que j’ai eu l’idée de créer un service de livraison à domicile de plats africains. C’est ainsi qu’est né le premier Yassa Food à Toulouse.
Afrik : Votre carte est une carte 100?% africaine ? D’où proviennent les produits ?
Souaibou Koita : Oui c’est une carte purement africaine, nous avons pris le parti d’offrir quelque chose de complètement différent de ce qu’on pouvait trouver ailleurs. On peut ainsi trouver dans nos restaurants toutes les recettes classiques de la cuisine africaine qui comprennent le yassa, mafé, aloco, tieboudien, bissap, ou tiakry. Certains produits assez basiques viennent d’ici, les autres sont importés d’Afrique, du Mali principalement, où nous essayons de créer un outil de production pour valoriser les produits locaux.
Afrik : Votre développement passe aujourd’hui par un système de franchise avec deux nouvelles enseignes en France (Nice et Nantes) et une en Belgique. Comment cela s’organise-t-il ?
Souaibou Koita : Nous avons eu beaucoup de chance au départ parce que du fait de notre forte médiatisation nous avons reçu des demandes avant même d’avoir lancé notre marque en franchise. Cela a un peu précipité les choses, mais aujourd’hui nous avons réussi à mettre une structure en place afin de pouvoir assurer un développement serein. La franchise est un bon système qui peut permettre un développement rapide, mais il demande une réelle organisation et des moyens financiers, humains et logistiques importants. Nous recevons beaucoup de demandes, mais l’aspect financier reste un obstacle important. C’est pourquoi nous réfléchissons à une formule plus souple et moins chère surtout qui permette à des jeunes de se lancer plus facilement.
Afrik : Vous avez aussi lancé une gamme de sauces cuisinées africaines ?
Souaibou Koita : Tout à fait, nous avons lancé une gamme de sauces cuisinées africaines en bocaux et doypacks vendue en grandes surfaces, ce qui nous a fait mettre un pied dans l’agroalimentaire. Le challenge était de pouvoir reproduire industriellement nos recettes traditionnelles. Nous y sommes parvenu après de longs mois de recherche avec l’aide de laboratoires publiques spécialisés dans l’agro-alimentaire. Le résultat est probant car ces sauces fonctionnent très bien auprès de populations désireuses de retrouver nos recettes sans cuisiner. Nous avons par ailleurs cédé récemment une licence d’exploitation de ce savoir faire pour un certain nombre de pays africains à un grand groupe industriel opérant dans le domaine de la nutrition et l’humanitaire en Afrique. Une belle opération qui nous permet d’aller plus loin dans ce projet agroalimentaire et de développer de nouvelles idées.
Afrik : Avez vous un conseil pour des jeunes qui débutent ?
Souaibou Koita : Aux jeunes qui débutent je dirai qu’avec de la volonté on vient à bout de tout, le plus important est de croire en soi et de travailler.
Afrik : Avez vous encore aujourd’hui des relations avec le Mali ?
Souaibou Koita : Oui j’en viens il y’a un mois, j’y ai passé les fêtes. J’y ai toujours ma famille, donc j’y vais régulièrement. De plus nous commençons à développer des choses là-bas, notamment l’agroalimentaire qui présente beaucoup de possibilités.
Afrik : Vos souvenirs de la cuisine du Mali (question à reformuler en fonction de la question précédente), l’idée est que vous puissiez nous parler d’un souvenir en particulier, un produit, une atmosphère.
Souaibou Koita : Si il y a quelque chose qui m’a marqué quand j’étais petit, c’était de retrouver les plats de mafé de ma grand mère quasiment chaque weekend quand j’allais la voir. Et je me souviens que ça n’avait jamais le même gout que celui que ma mère pouvait faire chez moi. Cela m’a toujours intrigué. Quand j’allais la bas, je savais qu’il n’y avait pas les consoles de jeux, mais un chose était sure, j’allais bien manger et ça ça valait le détour.
Afrik : Votre plat préféré ?
Souaibou Koita : Bien entendu, le Mafé.