Agora Films est une société de production 100% féminine tenue par de drôles dames. Souad Lamriki en est l’une des directrices. C’est elle qui a produit tous les travaux et courts-métrages du célèbre réalisateur Faouzi Bensaïdi. Pour cette productrice, le cinéma est avant tout une histoire de rencontres. Discuter avec les cinéastes, collaborer intelligemment sont les maitres mots de Souad Lamriki. Interview.
Souad Lamriki et Bénédicte Bellocq sont les heureuses dirigeantes d’Agora Films. Une société de productions qui a financé de nombreux films comme Casa d’Ali Benkirane, Mille mois de Faouzi Bensaïdi et Momo Mambo de Laila Marrakchi. Leur devise : produire des longs métrages qu’elles aiment. Ici pas de commandes à la chaîne, on discute avec les scénaristes et les réalisateurs, bref on prend son temps. Pour les financements Agora Film compte beaucoup sur les contributions étrangères. « Au Maroc, les gens ne veulent pas investir dans le cinéma, ils n’y croient pas », insiste Souad Lamriki. Pourtant, elle garde le moral et essaye de mener sa barque. Interview d’une productrice à contre-courant.
Afrik.com : Comment vous est venue l’idée de créer la société de production Agora Films ?
Souad Lamriki : L’idée vient de Bénédicte Bellocq, mon associée. Quand on s’est connues, elle travaillait comme productrice à Telema et moi à GL Production. On était les deux seules femmes de la profession. Entre nous, ça a tout de suite collé, on est très complémentaires. On a le même tempérament, on est ouvertes toutes les deux à la nouveauté.
Afrik.com : Est-ce que ce n’est pas trop dur de se faire une place en tant que femme dans cette profession ?
Souad Lamriki : C’est un métier difficile que l’on soit un homme ou une femme. C’est un choix de vie, ce travail prend beaucoup de notre temps, il nous pompe beaucoup d’énergie. Mais c’est avant tout et surtout un métier de passion.
Afrik.com : Quelle est la spécificité d’Agora Films ?
Souad Lamriki : On est la seule société à faire du développement. Les autres sociétés font de l’exécutif, des commandes. Nous, on reçoit les scénarios, s’ils nous plaisent on les sélectionne. Après on voit, si on s’aperçoit que nous n’avons pas les moyens nécessaires, nous faisons appel aux contributions étrangères. Par exemple, Death for sell de Faouzi Bensaïdi, est un film qui est produit par le Maroc à hauteur de 50% grâce à l’avance sur recettes et co-produit par la Belgique.
Afrik.com : Faites-vous souvent appel aux contributions étrangères ?
Souad Lamriki : Oui, très souvent. Avec les contributions étrangères, les films sont de meilleure qualité car on a plus de moyens. De plus, travailler avec des équipes étrangères est très enrichissant, on échange des points de vue, des techniques…
Afrik.com : Sans ces apports, est-il difficile de produire un film au Maroc ?
Souad Lamriki : Dans le pays, il y a des problèmes de financement. Les gens ne veulent pas investir dans le cinéma car ils n’y croient pas. On laisse les salles de cinéma fermer une par une. L’Etat est trop frileux pour les aider. Au Maroc, il y a d’énormes choses à accomplir pour que la situation s’arrange.
Afrik.com : Est-ce que la production de films vous rapporte de l’argent ?
Souad Lamriki : Pour l’instant, non. On vit grâce à la production de publicités et de documentaires qui représente 50 % de notre activité. C’est ce qui nous permet de produire des longs-métrages et des courts-métrages pour le cinéma.
Pour plus d’informations :