
L’Afrique du Sud vient de conclure un pacte pour sauver le pingouin africain de la disparition imminente. Cette mesure urgente établit des zones protégées autour de six colonies vitales, mais sera-t-elle suffisante pour renverser la tendance alarmante ?
Menacé d’extinction imminente, le pingouin africain bénéficie désormais d’une protection renforcée grâce à un accord judiciaire inédit signé en Afrique du Sud. Face à un déclin dramatique de sa population – estimé à près de 8% par an – des zones interdites à la pêche commerciale seront établies autour de six principales colonies de reproduction.
La décision, émise par la Haute Cour de Pretoria à la suite d’un accord entre les organisations écologistes BirdLife South Africa et la Southern African Foundation for the Conservation of Coastal Birds (SANCCOB), le ministère sud-africain de l’Environnement (DFFE) et les représentants du secteur de la pêche industrielle, est essentielle pour la préservation de cette espèce emblématique.
Une course contre la montre pour sauver l’espèce
Concrètement, des restrictions interdisant pendant dix ans la pêche au filet dérivant (purse seine), notamment des sardines et anchois, entreront en vigueur autour des colonies vitales situées sur les îles Dassen, Robben, Stony Point, Dyer, St Croix et Bird Island. Cette mesure fait suite aux conclusions alarmantes d’un panel scientifique mandaté par le gouvernement, indiquant que, sans intervention rapide, l’espèce pourrait disparaître dès 2035.
Le nombre de couples reproducteurs de pingouins africains a chuté de manière vertigineuse, passant de près de 15 000 en 2018 à moins de 9 000 fin 2023. Ce déclin drastique a été principalement attribué à la raréfaction des sardines et anchois, proies essentielles des pingouins, concurrencés directement par l’industrie de la pêche.
« Quand on pense qu’il y a à peine cinq ans, nous comptions presque deux fois plus de couples reproducteurs, on mesure l’urgence de la situation, » confie un biologiste marin impliqué dans le suivi des colonies. « Chaque année perdue rapproche l’espèce du point de non-retour. »
Par ailleurs, des experts internationaux soulignent que cette décision, bien que cruciale, ne suffira probablement pas à inverser complètement la tendance à elle seule. Selon eux, d’autres facteurs – tels que les changements climatiques, la prédation terrestre accrue ou encore les pollutions acoustiques dues à l’intensification du transport maritime – continuent d’affecter gravement l’habitat naturel du pingouin africain.
Ainsi, l’avenir du pingouin africain demeure incertain. « C’est une course contre la montre, » conclut un chercheur sud-africain spécialiste de l’espèce. « Mais ce premier pas important nous donne enfin des raisons d’espérer.«