Une secrétaire de Libreville s’est fait passer pendant 6 mois pour la future ambassadrice du Gabon en Libye. Arrêtée la semaine dernière pour complicité de faux et usage de faux, elle affirme que l’escroquerie a été fomentée par son ami, un faussaire du dimanche. Fait divers cocasse made in Gabon.
Comment devenir ambassadrice du Gabon : prenez un papier blanc, écrivez-y des formules pompeuses propres à l’administration qui vous intronise ambassadrice du Gabon, et le tour est joué. Il ne vous reste plus qu’à recruter votre délégation. Gisèle Ralembert Nkoma, secrétaire de 46 ans, y a cru. C’est son voisin et amant, Lionel Ontala, qui lui apporte la bonne nouvelle. Pourtant, elle n’a rien demandé, mais elle ne pose pas plus de question. Son héraut bienfaiteur n’est-il pas issu de la famille présidentielle comme en témoigne son patronyme (nom du défunt frère du président Omar Bongo) ?
Où s’arrête la crédulité et où commence la complicité ? C’est en février 2003 que Sylvain Lionel Mambo, réceptionniste à « La passion touristique », alias Lionel Ontala, présente le faux décret à son amie. Il sait qu’elle a des rêves de grandeur. « Elle ne risquait pas de mettre les pieds à Tripoli, déclare le Secrétaire général des affaires étrangères gabonais, son document ne présentait ni signature présidentielle, ni visa. Ces décrets-là ne sont rendus publics qu’après le choix de l’ambassadeur par le Président. Le ministère des Affaires étrangères le valide. Enfin, il doit être accepté par le pays qui leur est assigné ». Un parcours procédurier dont Mambo a pris les raccourcis…et dont Gisèle ne s’est jamais préoccupée.
Un défi pour l’intelligence ?
Désormais, la secrétaire entreprend le recrutement de son personnel par relations interposées. Une quinzaine de personnes, des bourgeois de la capitale, se porte volontaire pour un séjour à Tripoli. C’est seulement en août, après avoir engagé des frais de dossier et s’être plaint auprès de Son Excellence de la lenteur des démarches qu’ils apprennent subitement « que le décret a été annulé ». Le personnel finit par se renseigner : il n’y a jamais eu de Gisèle Ralembert Nkoma pressentie pour le poste d’ambassadeur à Tripoli. Ils portent plainte et l’affaire est mise au jour.
Le contre-espionnage gabonais procède aux arrestations. Dès lors, Gisèle se présente comme victime du bonimenteur. Quant à Mambo, il aurait monté cette histoire pour « mettre en exergue son intelligence ». La preuve d’intelligence eut été d’avoir arrêté le canular à temps, car, aujourd’hui, nous confie L’Union qui a révélé l’affaire, il semblerait que Gisèle ait été libérée sous caution par son employeur alors que le faussaire croupit toujours derrière les verrous.