L’Afrique de l’Ouest est en mouvement, ce wee-kend. Niamey et Abuja abritent, respectivement, le sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES), ce samedi, et la conférence des chefs d’État de la CEDEAO, dimanche. À Abuja et à Niamey, on se regarde. Puisqu’il y a en jeu la question toujours brûlante du retrait des trois pays de l’AES de la Communauté sous-régionale.
Rendez-vous historique, ce samedi, pour les dirigeants de l’AES. Depuis la signature de la Charte du Liptako-Gourma, acte de naissance de l’Alliance des États du Sahel, c’est la première fois que les dirigeants des trois pays membres (Burkina Faso, Mali et Niger) se réunissent en « session du collège des chefs d’État ». Et Niamey a été choisie pour accueillir cet événement auquel participent physiquement le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré qui rejoignent le général Abdourahamane Tiani.
Si du côté de la CEDEAO, il s’agit d’un sommet ordinaire dont la date était connue d’avance, il n’en est pas de même pour la rencontre des chefs d’État de l’AES qui ont annoncé la tenue de leur réunion seulement jeudi. Comme si les trois dirigeants faisaient une course contre la montre pour tenir leur sommet coûte que coûte avant celui de la CEDEAO.
Que faut-il attendre du sommet de l’AES ?
Au sein de l’AES, les sujets de discussion entre les chefs d’État ne manquent pas. « La sécurité, la défense, les échanges économiques, culturels et commerciaux, vont constituer les points essentiels des échanges au cours de ce sommet », a annoncé la Présidence burkinabè. Mais, de façon plus précise, il y a d’abord la question du retrait des trois pays de la Communauté régionale. Et là-dessus, il ne serait guère étonnant que les trois chefs d’État campent sur leur position comme ils le font depuis janvier. Par ailleurs, en février 2024, réunis à Ouagadougou, les ministres des pays de l’AES ont élaboré un traité portant création d’une confédération des trois États. Ce texte devrait être approuvé par les chefs d’État. On s’attend à ce que cela soit fait au cours du présent sommet.
En mars 2024, c’est à Niamey que les chefs d’état-major des armées des trois pays se sont retrouvés pour créer une force conjointe anti-djihadiste. Cette force, dont les effectifs ne sont pas encore connus, était annoncée pour être opérationnelle dans « les plus brefs délais ». Il s’agit-là aussi d’un sujet sur lequel les trois dirigeants sont attendus. Sans compter les questions liées à la monnaie commune ou à la coopération économique d’une manière générale.
La CEDEAO dans une posture conciliante
Du côté de la CEDEAO, le temps est à la conciliation. Il y a tout juste quelques semaines, le nouveau Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, s’est rendu auprès de ses homologues burkinabè et malien pour discuter avec eux. « Je comprends que les positions soient figées. Mais, je perçois dans chacune (…) une fenêtre d’ouverture et un fil, si tenu soit-il, du dialogue », avait déclaré le dirigeant sénégalais à Ouagadougou.
Après avoir adopté une posture menaçante dans les jours qui ont suivi le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, parlant même d’une intervention militaire pour rétablir le Président déchu, la CEDEAO a fini par ramener la balle à terre. Mais, les menaces proférées et surtout les dures sanctions prises contre le Niger ont fini par radicaliser les dirigeants des trois pays qui ont décidé de claquer la porte d’une organisation de plus en plus décriée même au sein des populations qui la voient au service exclusif des dirigeants.