Sommet UE-Afrique du Sud : commerce, diplomatie et stratégie au cœur des discussions


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Cyril Ramaphosa, Président d'Afrique du Sud
Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa

Le 8e sommet Union européenne-Afrique du Sud se tient ce jeudi 13 mars au Cap. Il représente une reprise des rencontres de haut niveau entre Pretoria et Bruxelles après sept ans d’interruption.

Cet événement, co-présidé par le président sud-africain Cyril Ramaphosa, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa, vise à renforcer une coopération mise à mal par les bouleversements géopolitiques récents.

Un sommet sous le signe des tensions internationales

Le contexte international donne à cette rencontre une importance particulière. L’Afrique du Sud et l’Union européenne, toutes deux fragilisées par les récentes décisions de Washington, cherchent à affirmer leur partenariat comme un rempart face au protectionnisme américain et aux influences chinoises et russes.

Donald Trump a récemment gelé une partie de l’aide au développement américaine, en représailles contre la loi sud-africaine de redistribution des terres, jugée discriminatoire envers les fermiers blancs. Cette sanction renforce la nécessité pour Pretoria de se tourner vers Bruxelles, d’autant plus que les négociations autour du renouvellement de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) s’annoncent tendues.

Une relation commerciale stratégique

L’Union européenne est déjà un partenaire commercial majeur de l’Afrique du Sud, représentant près de la moitié des investissements directs étrangers dans le pays. Ce sommet pourrait être déterminant dans la relation économique entre les deux entités, avec un accent mis sur l’investissement plutôt que sur l’aide au développement. L’Europe cherche à garantir son approvisionnement en minéraux critiques et à promouvoir des projets d’hydrogène vert en Afrique australe, alors que l’Afrique du Sud souhaite accroître son accès au marché européen pour ses produits.

Les grands dossiers diplomatiques à l’ordre du jour

Outre les questions économiques, le sommet sera l’occasion d’aborder plusieurs crises internationales. L’Afrique du Sud, membre des BRICS, adopte une posture non-alignée dans la guerre en Ukraine, tout en s’impliquant dans les efforts pour la paix. Une rencontre entre Cyril Ramaphosa et Volodymyr Zelensky est prévue le 10 avril, soulignant le rôle diplomatique croissant de Pretoria.

Le conflit en République démocratique du Congo sera également discuté, alors que l’Afrique du Sud participe activement à la mission militaire de la SADC dans l’est du pays. Par ailleurs, la question de la guerre à Gaza sera un sujet brûlant, l’Afrique du Sud ayant saisi la Cour internationale de justice pour accuser Israël de génocide. Cette initiative suscite des tensions avec certains partenaires européens, mais aussi un intérêt croissant pour une politique étrangère africaine plus assertive.

Vers une nouvelle ère de coopération ?

Si l’Union européenne affirme ne pas vouloir simplement combler le vide laissé par les États-Unis, elle cherche à bâtir un réseau de partenariats fondés sur des valeurs communes. Ce sommet marque donc une tentative de redéfinition des relations euro-africaines, avec une approche davantage axée sur l’investissement et l’autonomie économique de l’Afrique du Sud.

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