La Tunisie accueille, du 16 au 18 novembre, la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Y sont mis en exergue, la gouvernance d’Internet et ses mécanismes du financement. A Genève (Suisse), en décembre 2003, la première phase du Sommet a permis à 175 Etats d’apporter un appui politique à la Déclaration de principes et au Plan d’action du SMSI. Le sommet de Tunis doit concrétiser les politiques de démocratisation de l’information institutionnalisées en 2003.
Par Morad Ouasti
Tunis accueille le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), du 16 au 18 novembre. Cette deuxième phase du Sommet doit mettre en œuvre un Plan d’action mis sur pied lors de la première phase à Genève (Suisse), du 10 au 12 décembre 2003. La deuxième partie du Sommet doit poser, de manière forte, le problème de la gouvernance d’Internet et des mécanismes de financements, des thématiques qui avaient été contournés à Genève.
La révolution numérique, liée aux progrès des technologies de l’information et de la communication (TIC), modifie foncièrement les rapports psychologiques et socio-économiques. Elle permet de passer à une phase d’innovation en matière de savoir, d’éducation et de diffusion de l’information. Elle ouvre de nouvelles voies à la gestion interne des Etats et à la coopération internationale humanitaire et environnementale.
Mainmise américaine
Paradoxalement, alors que la révolution numérique fait émerger un village planétaire, une large frange de la population mondiale est en marge du développement des TIC. Un fossé se creuse entre la connaissance et l’ignorance en même temps que croît l’écart entre les pauvres et les riches. La communauté internationale doit réagir, c’est pourquoi la deuxième phase du SMSI, organisée par l’Union internationale des télécommunications (UIT), doit poser les vrais problèmes et proposer les solutions adéquates malgré l’hostilité des Etats-Unis qui n’entendent pas partager la Toile.
L’universalisme d’Internet est l’objet d’âpres discussions. Les différents acteurs internationaux souhaitent qu’Internet, produit américain, financé par des fonds publics au départ puis par des fonds privés, ne soit plus sous tutelle étatsunienne. L’Icann*, placé sous la tutelle du Département américain du Commerce, donne la capacité aux Etats-Unis de paralyser à tout moment l’ensemble des connexions Internet et de couper l’accès à tous les sites de la planète.
La Tunisie et la liberté d’expression
L’Europe est consciente du danger que représente la main mise des Etats-Unis sur Internet, à l’heure où la communication, qui est un outil stratégique essentiel, ainsi que l’économie virtuelle s’imposent dans un monde globalisé. Bruxelles pense que le contrôle de Washington sur le réseau des réseaux est injustifié. D’autres partagent le même avis : le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Iran. Les Etats-Unis restent intransigeants, craignant que des pays non démocratiques portent atteintes à la liberté d’expression.
L’idée de ce Sommet est née dans le Minnesota aux Etats-Unis, pays hostile à la démocratisation du Net. Il est piloté par le secrétaire général de l’UIT, Yoshio Utsumi, d’origine japonaise et formé en partie à l’école américaine. Au-delà des débats, une question se pose sur la valeur symbolique de la tenue du Sommet en Tunisie, où la violation de la liberté d’expression est monnaie courante et où de graves atteintes au respect des droits de l’Homme sont souvent relevés par des organismes internationaux.