Le Sommet des chefs d’Etat de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) s’ouvre ce mercredi à N’Djamena, la capitale tchadienne. Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye, issu de la rébellion Séléka, est attendu avec sa délégation. L’enjeu est clair : les autorités de la transition doivent convaincre notamment le Tchad de leur légitimité. Décryptage.
Expliquer les raisons du coup d’Etat et légitimer le gouvernement de la transition. Tels sont les enjeux du Sommet des chefs d’Etat de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) qui s’ouvre ce mercredi à N’Djamena, la capitale tchadienne.
Gagner la confiance du Tchad
Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye, issu de la rébellion Séléka, est attendu avec sa délégation. Les nouvelles autorités de la Centrafrique doivent convaincre notamment le Tchad de leur bonne foi et exposer leur feuille de route pour les trois ans à venir.
Au lendemain du coup d’Etat qui a renversé François Bozizé, le dimanche 24 mars, Michel Djotodia, chef de la rébellion Séléka, s’est autoproclamé président de la transition. L’Union africaine (UA) a aussitôt suspendu la Centrafrique de l’organisation et gelé les avoirs de sept responsables rebelles. A défaut de gagner la confiance de la communauté internationale, le nouvel exécutif de la Centrafrique -le Premier ministre reconduit Nicolas Tiangaye et le président par intérim Michel Djotodia- se doit de légitimer son pouvoir acquis par la force auprès des chefs d’Etat de l’Afrique centrale. « C’est normal dit-il, les pays de la région ne peuvent pas officiellement aller à l’encontre des principes de l’Union africaine. Ce qui est important pour nous c’est d’éviter les sanctions », confie un ministre Séléka à RFI.
Les ex-rebelles doivent, en premier lieu, séduire le président Idriss Déby car le Tchad est un membre imminent de la Ceeac. C’est surtout le puissant voisin de la Centrafrique et allié historique de François Bozizé avant de le lâcher. C’est grâce au Tchad que le régime de l’ancien président centrafricain a tenu pendant dix ans, puisque la garde présidentielle de l’ex homme fort de la Centrafrique était essentiellement composée des forces tchadiennes et ce, jusqu’en octobre 2012. Pour toutes ces raisons, la rébellion Seléka se doit de gagner la confiance du Tchad.
Se plier aux exigences de la communauté africaine
Le président centrafricain de la transition Michel Djotodia a assuré vouloir administrer la Centrafrique pendant trois ans et qu’il ne se représentera pas à l’élection présidentielle prévue pour 2016. Il en va de même pour Nicolas Tiangaye, le Premier ministre reconduit qui, conformément aux Accords de Libreville, ne doit pas non plus se porter candidat pour les élections législatives attendues pour la même année.
Le nouveau chef d’Etat de la Centrafrique a d’ores et déjà promulgué deux actes constitutionnels en vue de gouverner par ordonnances en Conseil des ministres et de permettre au Premier ministre de rester en fonction jusqu’à l’organisation des élections législatives et présidentielle.
Lors du Sommet de N’Djamena, le nouvel exécutif se devra de respecter cet agenda. En clair, la rébellion Séléka est contrainte de se plier aux exigences des institutions sous régionales pour s’assurer d’une légitimité auprès de la communauté africaine.
Le Sommet des chefs d’Etat de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) s’ouvre donc sous tension dans la capitale tchadienne. Rien ne dit que l’opération séduction du Séléka sera fructueuse. La rébellion a déjà prévenu que ses 3 000 hommes sont toujours stationnés à Bangui. Un nouvel enlisement n’est pas à exclure si les tractations échouent.