Sommet de l’AES à Niamey : Le président Traoré fustige les esclaves de salon et l’impérialisme


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Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso

Le premier sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Niamey a été marqué par un discours incendiaire du président burkinabé Ibrahim Traoré, dénonçant les dirigeants africains qu’il qualifie d' »esclaves de salon » au service des puissances impérialistes. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les pays de l’AES et la CEDEAO, reflétant les défis complexes auxquels le Sahel est confronté.

Les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger se sont réunis à Niamey pour le premier sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES), marquant un moment crucial dans la lutte contre le terrorisme et pour le développement régional. Cette rencontre intervient dans un contexte de tensions avec la CEDEAO, soulignant les défis complexes auxquels font face les nations sahéliennes.

Le 7 juillet 2024, Niamey a accueilli un événement historique : le premier sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette organisation, fondée en septembre 2023, réunit le Burkina Faso, le Mali et le Niger dans un effort commun pour relever les défis sécuritaires et de développement qui affectent la région du Sahel.

Sécurité et développement : les piliers de l’AES

Au cœur des discussions, la question sécuritaire s’est imposée comme une priorité absolue. Face à la recrudescence des attaques jihadistes, les chefs d’État ont réaffirmé leur engagement à renforcer la coopération militaire et le partage de renseignements. Ils ont également lancé un appel pressant à la communauté internationale pour une implication accrue dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Parallèlement, les dirigeants ont adopté un plan de développement ambitieux visant à transformer la région. Ce programme, axé sur l’agriculture, l’éducation, la santé et la création d’emplois pour les jeunes, cherche à améliorer les conditions de vie des populations locales et à renforcer la résilience économique du Sahel. La mise en œuvre de ce plan nécessitera la mobilisation de ressources financières importantes, un défi que les trois pays devront relever ensemble.

Tensions régionales : entre critique interne et avertissements de la CEDEAO

Le sommet a également été marqué par des déclarations fortes, notamment celle du président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Dans un discours passionné, il a dénoncé ce qu’il appelle les « esclaves de salon« , accusant certains dirigeants africains de freiner le développement du continent depuis les indépendances. Traoré a vivement critiqué ceux qui, selon lui, pillent les richesses de l’Afrique au profit des puissances impérialistes, appelant à un changement radical dans la gouvernance du continent.

Ces tensions internes font écho aux défis externes auxquels font face les pays de l’AES. Le jour précédent le sommet, lors de la 65ème session ordinaire de la CEDEAO à Abuja, le président de la Commission, Dr. Umar Aliou Turay, a mis en garde contre les conséquences graves du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’organisation régionale.

Dr. Turay a souligné les risques de désintégration de la CEDEAO, avertissant que ce retrait pourrait perturber la libre circulation des personnes, aggraver l’insécurité régionale et conduire à un isolement diplomatique et politique des trois pays. Il a également évoqué les implications économiques, notamment la possible suspension de projets et programmes de la CEDEAO d’une valeur estimée à plus de 500 millions de dollars US dans ces pays.

Le sommet de Niamey marque ainsi un tournant pour le Sahel

L’AES se positionne comme une alternative aux structures régionales existantes, promettant une approche plus adaptée aux défis spécifiques de la région. Cependant, le succès de cette initiative dépendra de la capacité des trois pays à concrétiser leurs engagements et à naviguer dans les eaux troubles des relations régionales et internationales.

Alors que le Sahel se trouve à la croisée des chemins, l’AES représente un espoir de renouveau pour une région longtemps marquée par l’instabilité et la pauvreté. Le temps dira si cette alliance saura relever les défis colossaux qui l’attendent et apporter la paix et la prospérité tant attendues par les populations sahéliennes.

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