La classe politique et les responsables religieux de la Centrafrique sont montés au créneau face à l’organisation à Brazzaville du prochain Sommet pour la résolution du conflit dans le pays. Ces acteurs qualifient « d’inopportun » le déplacement à Brazzaville pour régler « le problème centrafricain ».
Alors qu’il n’a pas encore débuté, les dirigeants religieux et de partis politiques centrafricains fustigent déjà le prochain Sommet de Brazzaville relatif au dossier centrafricain. Lors de ce Forum, prévu le 21 juillet prochain, il sera question de faire signer un cessez-le-feu entre anti-balaka et ex-seleka et définir le cadre du futur dialogue national. Mais la perspective d’un nouveau sommet hors de la Centrafrique déplaît aux frondeurs.
Mercredi, les leaders des communautés catholique, protestante et musulmane, ont publié une déclaration commune dans laquelle ils qualifient d’« inopportun » le déplacement à Brazzaville pour régler le « problème centrafricain ». Ils regrettent que la société civile ne soit pas davantage impliquée dans le processus de paix. Ces chefs de file se sont dits résolus « à ne plus se soumettre aux humiliations qui leur sont infligées tout le temps quand il s’agit des prises de décisions touchant à la vie nationale ». « On décide et après on convoque des Centrafricains pour venir applaudir », confiait ce jeudi matin un membre du Conseil national de transition, l’actuel Parlement, lit-on sur le Journal de Brazzaville. Le message est clair, ces leaders en ont assez que le destin de la Centrafrique soit pris en main ailleurs qu’à Bangui.
Sommet de Malabo, l’« humiliation de trop »
En janvier 2014 déjà, l’action d’emmener le Conseil national de transition par avion à Ndjamena, capitale du Tchad, pour entériner la démission de Michel Djotodia avait fortement déplu. Ce procédé avait été perçu par de nombreux Centrafricains comme un viol de la souveraineté. Lors du Sommet de l’Union africaine à Malabo, fin juin, les chefs d’Etat de la région avaient pris des décisions sur la Centrafrique pendant que la Présidente Catherine Samba-Panza faisait de la figuration. Cette scène a, là aussi, été vécue à Bangui comme une nouvelle humiliation.
Cette fronde à l’approche du Sommet de Brazzaville risque de ternir la tenue du Forum. En effet, la Présidente centrafricaine et son Premier ministre ont reçu, ce jeudi, une quarantaine de partis politiques et des responsables religieux en colère. Une seconde réunion est prévue la semaine prochaine. Et si rien ne bouge d’ici le 21 juillet, la portée du Sommet de Brazzaville s’en verra atteinte dans la mesure où la majorité des partis politiques et des leaders religieux ne feront pas le déplacement.