Entité indépendante de la Somalie, le Somaliland a fait sécession en 1991. Depuis, la communauté internationale refuse de le reconnaitre comme Etat à part entière, bien que la petite enclave fasse figure d’exception dans une région en proie à l’instabilité.
Sur les cartes, le Somaliland n’existe pas. Il est ce qu’on appelle une terra incognita. 137 600 km² de territoire fantôme. Pourtant, situé en plein cœur de la Corne de l’Afrique, le petit pays fait figure d’exception, apparaissant comme un véritable lieu de paix et de stabilité pour ses 4,2 millions d’habitants, face à des décennies de chaos.
Le 17 mai 1991, cette région du nord de la Somalie décidait de faire sécession, de prendre son destin en main. Il fallait alors tout reconstruire. Repartir de zéro. 22 ans plus tard, le Somaliland semble avoir gagné son pari. Il est aujourd’hui doté des tous les attributs étatiques, du parlement, à l’armée, en passant par la monnaie, l’hymne ou le drapeau. Le Président Ahmed Silanyo y a même été élu démocratiquement en 2010.
Un Etat moderne
Mais, non content d’avoir su mettre à profit son indépendance, le petit Etat apparait également comme avant-gardiste dans une région souvent pointée du doigt pour son instabilité chronique. Il a en effet installé sur son territoire une démocratie digne des systèmes occidentaux les plus libéraux. Une expérience unique dans cette partie de l’Afrique, et qui semble avoir bien ancré ses racines dans le paysage somalilandais. Au point que beaucoup le considèrent aujourd’hui comme un modèle à suivre.
Le Somaliland a également su créer un espace pacifié, loin des tourments de la guerre somalienne. Si bien qu’alors que Mogadiscio détient le record de la ville la plus dangereuse au monde, la capitale somalilandaise, Hargeisa, est quant à elle considérée comme l’endroit le plus sûr et le plus développé de toute la Corne de l’Afrique.
Mais, injustice de l’histoire, cette contribution à la stabilité de la région est cependant mal récompensée : la souveraineté du Somaliand n’est reconnue par aucun pays. De fait, du point de vue du droit international, le pays n’existe pas, et reste une région de la Somalie, qui seule est reconnue comme légitime. Pourtant, paradoxalement, après deux décennies de guerre civile, cette dernière est aujourd’hui qualifiée d’Etat failli et ne revêt aucun des critères traditionnels permettant d’identifier un Etat.
Un oasis de stabilité
Le développement de l’oasis de stabilité somalilandaise se trouve donc entravé par une situation de désert juridique. Et rien ne semble évoluer pour le moment. L’Union Africaine, au premier plan, refuse toujours de reconnaitre l’indépendance du Somaliland, en se retranchant derrière le principe d’intangibilité des frontières.
Lire aussi : Asmara et son architecture unique
Le petit Etat somalilandais n’a donc d’autre choix que de continuer à rechercher la reconnaissance internationale en montrant sa bonne volonté. Mais même sans véritable statut, le pays continue d’avancer dans la démocratie et la stabilité. Il a en tout cas d’ores et déjà gagné le pari qu’il avait fait, de seulement exister.