Abdirahman Mohamed Abdullahi, surnommé « Irro », a marqué une page mémorable dans l’histoire du Somaliland. Avec 63,92 % des suffrages, il a remporté la récente élection présidentielle.
Il a ainsi largement surpassé le président sortant Muse Bihi, qui n’a rassemblé que 34,81 % des voix. La Commission électorale nationale (NEC) a confirmé cette victoire le 19 novembre.
Cette élection met fin à une ère et ouvre un nouveau chapitre pour ce territoire autoproclamé indépendant de la Somalie depuis 1991. À 68 ans, l’ancien diplomate et leader du parti d’opposition Waddani incarne une promesse de renouveau.
Un diplomate aguerri au service d’un territoire en quête de reconnaissance
Abdirahman Mohamed Abdullahi s’appuie sur un riche parcours diplomatique. Il a été ambassadeur en URSS et en Finlande. Par la suite, il a présidé la Chambre des représentants entre 2005 et 2017. Ces responsabilités lui ont permis de développer des compétences stratégiques solides. Elles renforcent aujourd’hui sa capacité à affronter les défis diplomatiques et internes du Somaliland.
Le Somaliland reste isolé sur la scène internationale, faute de reconnaissance officielle. Pourtant, ce territoire bénéficie d’une position stratégique à l’entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, un carrefour majeur du commerce mondial. Malgré cet atout, il souffre d’un isolement politique et économique persistant. Ce contexte exige de « Irro » des efforts considérables pour briser cet isolement. Il devra également répondre aux attentes croissantes de la population locale.
Unité nationale et tensions régionales : des priorités complexes
Les divisions claniques qui déchirent le Somaliland figurent parmi les plus grands défis du nouveau président. Sous le mandat de Muse Bihi, ces tensions ont dégénéré en conflit armé dans la région de Sool, au sud-est du territoire. Une milice, revendiquant son rattachement à Mogadiscio, a pris le contrôle partiel de cette zone. Ces affrontements ont provoqué des centaines de morts et des milliers de déplacés. Ce lourd héritage pèse désormais sur les épaules de « Irro ».
Sur le plan régional, les relations du Somaliland avec ses voisins restent une source de préoccupation. Un protocole d’accord maritime signé avec l’Éthiopie en début d’année a déclenché une escalade diplomatique. La Somalie, soutenue militairement par l’Égypte, s’est opposée à cet accord. Bien que « Irro » n’ait pas remis en question ce texte, il devra trouver un équilibre délicat. Défendre la souveraineté du Somaliland tout en préservant des alliances stratégiques sera essentiel.
Un exemple de démocratie dans une région instable
Malgré ces défis, le Somaliland a encore démontré son attachement aux valeurs démocratiques. Après deux années de report, l’élection s’est déroulée dans le calme. Elle confirme la résilience des institutions locales. Ce scrutin, salué par la communauté internationale, met en avant l’engagement démocratique du Somaliland. Cet exemple rare contraste avec l’instabilité politique souvent observée dans la Corne de l’Afrique.